Publié le Mercredi 18 janvier 2023 à 10h45.

Travailler plus pour enrichir les capitalistes, non merci !

Depuis le livre blanc de Michel Rocard en 1991, la succession des contre-réformes a bouleversé la plupart des paramètres du système de retraites.

Avec des mesures concernant notamment l’âge d’ouverture des droits, la durée de cotisation requise pour bénéficier de la retraite à taux plein, les modalités de calcul des pensions (y compris l’évolution de la valeur du point dans les régimes complémentaires), le report des dates de revalorisation des pensions et les augmentations des taux de cotisation, les droits des retraitéEs et des salariéEs ont régressé.

L’âge du départ à la retraite a reculé et le pouvoir d’achat des retraitéEs a baissé, ce que confirme le dernier rapport du COR (Conseil d’orientation des retraites) pour 2023 qui atteste que le taux de remplacement (la différence) entre le niveau du dernier salaire net et la pension nette ne cesse de diminuer au fil des générations dans les secteurs public et privé. Le pouvoir actuel poursuit et aggrave ces politiques menées par tous les gouvernements de droite et de gauche.

Ça coûte « un pognon de dingue » !

C’était l’avis exprimé en 2018 par le président de la République à propos des aides sociales. En 2023, son opinion n’a pas changé. Avec un vocabulaire un peu plus soft, il explique qu’il faut faire des économies en réformant le système de retraites « qui coûte trop cher à la nation ». Il annonce donc dans ses vœux pour 2023 qu’il faut « travailler davantage ».

La Première ministre Élisabeth Borne a donc été chargée de présenter un projet de contre-réforme en ce début d’année. L’enjeu apparaît clairement : les salariéEs devront consacrer une part encore plus grande de leurs vies à bosser pour des patrons.

À partir du 1er septembre 2023, l’âge légal de départ à la retraite ne sera plus de 62 ans mais sera relevé de trois mois chaque année afin d’atteindre 64 ans en 2030. À cette échéance, il faudra avoir cotisé durant 43 annuités, et non plus 42, pour bénéficier d’une pension à taux plein, sinon une décote (diminution de la retraite variable selon le nombre de trimestres manquants) continuera d’être appliquée jusqu’à ce que le retraité atteigne les 67 ans. Le gouvernement de Macron poursuit et aggrave la politique de ses prédécesseurs de droite et de la soi-disant gauche avec ces mesures et d’autres dispositifs.

Le baratineur

Macron a agité l’épouvantail du déficit, le système de retraites serait en péril alors que la branche retraites de la Sécu a connu un excédent de 900 millions en 2021 et de 2 milliards en 2022. De plus, les réserves nettes s’élèvent à 191 milliards d’euros (8,3 % du PIB). Ensuite, la réforme a été justifiée par des économies nécessaires pour financer des dépenses publiques, l’éducation, la santé, la transition écologique... avec l’argent des cotisations sociales.

Élisabeth Borne a confirmé le 10 janvier que la retraite minimum « soit près de 1 200 euros par mois dès cette année » concernerait les futurs retraitéEs ayant une carrière complète, mais il reste beaucoup d’incertitudes. Le journal Libération affirme que l’annonce gouvernementale concerne les retraitéEs actuels mais que ce ne sera pas forcement le cas pour les futurs retraitéEs. Et ce n’est pas très clair « si le montant de la pension minimale indiqué se rapporte au SMIC net, il s’agit pour autant d’un montant brut »...

Il est probable qu’une personne de plus de 65 ans n’ayant pas de carrière complète bénéficiera seulement du minimum vieillesse, c’est-à-dire l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), soit 961,08 euros mensuels depuis le 1er janvier 2023.

Travailler plus longtemps

Un rapport du conseil d’orientation des retraites (COR) indique qu’à 60 ans un peu plus de la moitié des personnes (52 %) résidant en France bénéficie d’un emploi à temps plein ou à temps partiel. Les autres sont à la retraite ou pré-retraite, au chômage ou inactif. À 62 ans seulement, il ne sont plus que 28,2 % à avoir un emploi. Obliger les seniors à travailler est une absurdité alors que le taux de chômage des 15-24 ans s’élève à 18,3 %, soit bien plus que le taux de chômage global qui, selon les indicateurs, sera en augmentation en 2023 pour atteindre 8 % à la fin de l’année.

Cependant les personnes qui ont commencé à travailler tôt ainsi que les invalides, les victimes d’accidents de travail, les handicapéEs et les victimes de l’amiante pourront bénéficier du dispositif carrière longue et d’un départ anticipé à la retraite. Le départ à la retraite sera possible à 58 ans pour les personnes ayant commencé à travailler dès 16 ans, 60 ans pour celles qui ont débuté à 18 ans et 62 ans lorsque l’activité salariée a démarré avant 20 ans.

Baisse des pensions

La durée de cotisations exigée est plus longue, les pensions baissent… La pension brute moyenne des personnes ayant liquidé leur retraite en 2019 est passée sous la pension moyenne de l’ensemble des retraitéEs (1 401 euros contre 1 430 euros) après avoir diminué au cours des trois années précédentes.

Les salariéEs se trouvent obligéEs de se tourner à terme vers un marché prêt à s’ouvrir : celui de la capitalisation et de la privatisation (sur le modèle des complémentaires). Un rêve pour les amis du président des riches et du Medef !