Depuis plusieurs mois, nous subissons des augmentations importantes des prix de certains produits indispensables : les produits frais ont pris presque 7 % en un an, l’habillement près de 5 %, l’énergie + 12,7 % (dont le gaz + 31 %) ! Alors que pour beaucoup de ménages, il n’y a déjà plus d’argent le 5 du mois, comment serait-il possible de faire face à de telles hausses ? D’autant plus que, par ailleurs, les plans de licenciements se multiplient, les accords de performance collective (APC) conduisent à des baisses de salaires et/ou des augmentations du temps de travail, le chômage augmente ainsi que la précarité… Cela n’est pas sans conséquences sur les revenus de nombreuses familles. Alors quand toutes les dépenses « non obligatoires » comme la santé, les loisirs, la culture, les vacances ont déjà été supprimées depuis longtemps, c’est sur les repas et le logement que l’on commence à rogner. Cette situation est dénoncée par de nombreuses associations caritatives qui distribuent de plus en plus de repas et de denrées alimentaires : un rapport du gouvernement annonce + 10,6 % en 2020 par rapport à 2019. Et depuis la situation ne s’est pas arrangée depuis…
Il faut augmenter les salaires et tous les revenus
Ce qui serait « normal » c’est que les salaires, les retraites, les aides sociales… suivent l’augmentation des prix afin de garantir le niveau de vie des gens. Mais les salaires augmentent trop peu, le point d’indice des fonctionnaires est bloqué, les temps partiels, les horaires éclatés et la pénibilité des conditions de travail interdisent les temps complets continus… Tout cela conduit à un appauvrissement de l’ensemble des classes populaires et en particulier de sa part la plus précaire. Face à cette réalité, les annonces du gouvernement sont indécentes. Lorsque les Gilets jaunes s’étaient mobilisés, une partie des salariéEs avait touché la « prime Macron ». Et là, c’est la prime Castex de 100 euros. C’est à peine deux pleins ! Ces primes, en plus d’être insuffisantes, ne sont pas garanties d’une année sur l’autre contrairement aux augmentations de salaire qui une fois acquises sont pérennes. Ces primes ne sont en général pas soumises à cotisations, elles ne comptent pas pour nos retraites, ne participent pas au financement des différentes branches de la sécu…
Pendant ce temps, le SMIC a augmenté de 2,2 % : c’est sans commune mesure avec l’augmentation des dépenses essentielles. Pour faire face à l’augmentation des prix et à la stagnation des salaires, il faut à minima augmenter tous les revenus de 400 euros, aucun ne doit être inférieur à 1 800 euros net par mois. Il s’agit non seulement de rattraper la perte de niveau de vie des dernières années et mais aussi de permettre à touTEs d’accéder aux loisirs, à la culture, de se soigner selon ses besoins, de partir en vacances.
Pour maintenant et pour la suite, il faut indexer les salaires sur le coût de la vie
Mais si, quand les salaires augmentent, les prix continuent à augmenter, les travailleursEs, les retraitéEs, les fonctionnaires, les bénéficiaires des minimas sociaux seront toujours les dindons de la farce. Alors pour que la bourgeoisie n’utilise pas l’inflation pour reprendre ce qu’elle nous aura lâché un jour, les salaires et tous les revenus doivent être indexés sur les prix. Il faut en finir avec la négociation boîte par boîte dans le privé et avec le gel du point d’indice dans le public. Cette revendication était déjà avancée par Léon Trotski dès 1938 (« échelle mobile des salaires ») et elle est d’une actualité saisissante. Et c’est d’autant plus exigible que le taux de marge des sociétés non financières a atteint son niveau record depuis 1949 à 35,9 %, les dividendes versés devraient atteindre 50 milliards d’euros soit 10 milliards de plus qu’en 2019. Quant aux patrons du CAC 40, ils touchent en moyenne 5,3 millions d’euros par an…
La répartition des richesses produites entre capital et travail est le reflet direct du rapport de forces entre les classes. C’est un des enjeux centraux pour les capitalistes pour préserver, développer leurs profits. Ceci explique qu’il n’est jamais simple de d’engranger des succès significatifs sur ce terrain hors des grandes mobilisations sociales. Mais l’expérience des Gilets jaunes ou les grèves victorieuses dans des secteurs déjà très précarisés comme celui du ménage à l’hôtel Ibis Batignolles ou à Jussieu, chez Leroy-Merlin, montrent que les choses peuvent parfois aller très vite, notamment à partir de succès parfois partiels… À nous de contribuer à construire le rapport de force nécessaire !