Avec la montée de l’extrême droite, un « féminisme national » refait surface. Sous couvert de protéger les femmes, les forces réactionnaires s’approprient les discours féministes pour mieux servir un agenda raciste et sécuritaire.
Ce fémonationalisme prétend défendre les femmes contre un « péril étranger », surtout musulman, tout en perpétuant un ordre patriarcal qu’il ne cesse de renforcer. Les campagnes contre le voile en sont le symbole : derrière la prétendue « libération » des femmes musulmanes se cachent une négation de leur autonomie et une stigmatisation accrue, qui nourrit violences, exclusions et contrôle des corps.
Les droits reproductifs en ligne de mire
Partout où l’extrême droite progresse, le droit à disposer de son corps recule. De la Pologne aux États-Unis, en passant par la Hongrie, l’accès à l’IVG est restreint, criminalisé ou démantelé. En France, les groupes pro-vie, relayés dans les médias réactionnaires, continuent à mener une offensive idéologique visant à culpabiliser les femmes, alors que les fermetures austéritaires des CIVG rognent concrètement le droit effectif à l’avortement. Ces attaques se combinent au retour des modèles réactionnaires : exaltation viriliste, promotion des « tradwives », injonctions au foyer, développement du masculinisme. Sous ces formes modernes, le vieux mot d’ordre reste le même : renvoyer les femmes à la famille, à l’obéissance et à la reproduction de l’ordre social.
Les premières victimes, les plus précarisées
Les violences sexistes frappent d’autant plus fort les femmes déjà exposées à d’autres oppressions : femmes racisées, migrantes, sans papiers, travailleuses précaires, femmes trans, en situation de handicap ou sans logement. Les politiques migratoires restrictives aggravent leur vulnérabilité : absence de droits sociaux, dépendance administrative, exposition aux réseaux de traite. Pendant que l’extrême droite prétend défendre « ses » femmes, elle abandonne et condamne toutes les autres, tout en défendant l’ordre patriarcal.
Patriarcat et violences, la réalité occultée
L’extrême droite tente de détourner le débat sur les violences sexistes en désignant l’« étranger » comme principal danger. Pourtant, 80 % des violences sont commises par des proches, au sein de la famille ou du couple. Le patriarcat structure ces violences : un féminicide tous les trois jours, 94 000 viols ou tentatives par an, et une impunité massive des agresseurs. Les mécanismes de ces violences sont bien connus : culpabilisation des victimes, banalisation des violences, rôle central de l’entourage masculin. Le procès de Mazan a permis de les mettre en lumière et de renverser au moins pour un temps la culpabilisation ! Mais c’est cette réalité des violences que l’extrême droite nie, préférant exploiter la souffrance des femmes pour renforcer ses obsessions racistes.
Un féminisme antiraciste et anticapitaliste
Le 22 novembre, nous marcherons pour celles qui ne peuvent pas parler, pour les victimes oubliées, pour celles qui luttent malgré les risques. Face à la récupération réactionnaire du féminisme, nous affirmons qu’il n’y a pas d’émancipation possible sans lutte contre le capitalisme, le patriarcat et le racisme. Un féminisme révolutionnaire doit revendiquer des moyens massifs contre les violences, une éducation à la sexualité émancipatrice, des droits pour les migrantes et le soutien aux grèves féministes.
L’extrême droite est l’ennemie des femmes. La seule voie vers la liberté est celle d’un combat collectif, internationaliste et anticapitaliste. Tant que l’une d’entre nous n’est pas libre, nous continuerons de lutter.