Publié le Mercredi 20 septembre 2017 à 12h22.

IVG en Irlande : un combat à l’ordre du jour !

Le 30 septembre aura lieu la 6e marche annuelle pour le droit à l’avortement en Irlande. Ce pays est l’un de ceux de l’Union européenne où la législation sur l’avortement reste la plus rétrograde (avec Malte et la Pologne).

Le 8e amendement de la Constitution, adopté en 1983, indique que « l’État reconnaît le droit à la vie du fœtus et, au regard du droit égal à la vie de la mère, garantit, de par ses lois, de respecter et, autant que possible, de défendre ce droit. »

Pas d’avortement en Irlande

En 1992, deux alinéas ont été ajoutés à cet amendement :

– Cette sous-section n’ôte pas le droit à la libre circulation entre l’État et un autre État.

– Cette sous-section ne limite pas la liberté à obtenir ou fournir, dans l’État, dans les limites de la législation en vigueur, des informations sur les services légaux dans un autre État.

C’était ce qu’on a appelé « une solution irlandaise à un problème irlandais » : pas d’avortement en Irlande mais les quelques milliers d’Irlandaises qui traversent chaque année la mer pour avorter en Grande-Bretagne ne seraient pas poursuivies.

Ce refus de prendre en compte la santé physique et mentale des femmes en Irlande a amené son lot de tragédies, dont le refus d’avorter les femmes suicidaires ou victimes de viol. Un procès a même eu lieu pour qu’une femme cliniquement morte ne soit pas maintenue en vie pour soi-disant sauver la vie du fœtus.

MobiliséEs pour que ça change !

En 2015, la population irlandaise s’est prononcée à 62 % lors d’un référendum populaire pour la légalisation du mariage pour touTEs, et cela contre la position de l’Église catholique, qui reste très influente dans le pays. Mais il semble que le droit des femmes à disposer de leurs corps reste nettement plus difficile à admettre que le mariage homosexuel.

Depuis les années 1970 les féministes irlandaises se mobilisent pour le droit à la contraception et à l’avortement avec des hauts et des bas. La dernière phase de cette mobilisation a commencée en 2012 avec la création de l’Abortion Rights Campaign qui se bat pour une législation autorisant l’avortement, y compris en Irlande du Nord qui, bien que faisant partie du Royaume-uni, est exclue de la législation qui s’y applique (loi de 1967 qui autorise l’IVG jusqu’à 24 semaines).

En 2013 une douzaine d’organisations ont lancé un appel : « Repeal the 8th ». Aujourd’hui, cette coalition est soutenue par une centaine d’associations féministes, pour les droits humains, en défense de la santé publique, des ONG, des syndicats (dont la confédération nationale l’ITUC), le Parti travailliste et les petits partis de gauche, mais pas le Sinn Féin. Ce mouvement large et très actif multiplie les initiatives, y compris un appel à la grève le 8 mars dernier. La coalition revendique un référendum sur le 8e amendement.

Imposer un référendum !

Sous la pression, le gouvernement a mis en place en 2016 une Assemblée citoyenne qui devait se pencher sur plusieurs questions dont l’avortement. Cette assemblée, composée de 99 citoyenNEs sélectionnéEs pour être représentatifs de la population a fait des préconisations en 2017 : 87 % de ses membres étaient pour retirer l’amendement 8 de la constitution, 56 % étaient pour le remplacer, et 57 % pour introduire dans la législation (pas la constitution) une autorisation explicite de l’avortement dans certaines conditions. L’Assemblée s’est prononcée pour l’accès sans restriction jusqu’à 12 semaines. Les sondages montrent qu’un large pourcentage de la population est favorable à l’avortement pour protéger la vie de la mère ou lorsque la grossesse est le résultat d’un viol ou en cas d’anormalité du fœtus, mais moins d’un tiers y est favorable pour des raisons socio-économiques.

Le Premier ministre, leader du parti de droite – fêté à son élection comme incarnant la « nouvelle Irlande » parce qu’ouvertement homosexuel et d’origine indienne – semble vouloir tout faire pour reporter la tenue du référendum, prétextant que l’opinion publique ne serait pas aussi libérale que les recommandations de l’Assemblée.

La bataille aujourd’hui est donc d’imposer la tenue du référendum, et ce sera le mot d’ordre de la marche du 30 septembre : « Time to Act ! »