Le contrôle de leur corps par les femmes passe, entre autres, par le contrôle de leur santé : avortement, contraception et maternité en premier lieu. Or depuis plusieurs années la santé est victime de coupes budgétaires massives.
L'austérité : un danger pour la santé des femmes
Ce sont ainsi plus d’une centaine de CIVG qui ont fermé. Du côté des maternités ce n’est pas mieux : les petites unités de proximité sont fermées au profit des usines à bébés qui renvoient les femmes chez elles à peine 2 jours après avoir accouché, avec les risques et les difficultés que cela implique. Le numerus clausus a pour conséquence un manque flagrant de médecins, et en particuliers de gynécologues, dont le nombre ne cesse de diminuer. Dans le cadre des restrictions budgétaires, des plus en plus de femmes sont incitées à avorter par la méthode médicamenteuse (même après 10 semaines d'aménorrhée), ce qui comporte des risques et provoque des douleurs, et devrait donc être pratiqué avec un suivi médical.
Parallèlement, pour réduire les dépenses, tout est mis en place par les gouvernements pour favoriser l’hospitalisation à domicile, qui asservit les femmes qui doivent prendre soin de leurs proches convalescentEs ou dépendantEs chez eux (la très grande majorité des aidantEs familiaux sont des femmes). Pour les malades isolés, ce sont des aides à domicile, peu formées, mal payées, en temps partiels subis et en contrats précaires, qui seront employées, alors que ces malades devraient l’être à l’hôpital pour assurer un meilleur suivi. Par manque de soins, de nombreux patientEs devront être de nouveau hospitalisés suite à une rechute avec une détérioration de leur état de santé. Cette politique du gouvernement illustre parfaitement la recherche de rentabilité, car une nouvelle hospitalisation génère un nouvel « acte » facturé par l'hôpital...
La prise en charge des violences sexistes est un enjeu particulier pour la santé, la formation et l’éducation. Pour accueillir toutes les victimes de violence sexiste, nous exigeons un service public d'urgence, de médecine, de psychiatrie, avec du personnel en effectif suffisant et formé spécifiquement afin de recueillir et de soutenir la parole de ces victimes. Nous exigeons que les travailleurEs des associations qui s'occupent des victimes aient des contrats de travail dignes et sortent de la précarité. Nous exigeons que les associations bénéficient d'un financement convenable et que leur personnel ne soit pas surexploité en raison de l'absence des moyens nécessaires pour accompagner les victimes : hébergement, attention médicale, accompagnement pour pouvoir réussir l’insertion professionnelle leur permettre de retrouver leur autonomie.
Un salariat massivement féminin, sous-payé, surexploité
Infirmières, sages-femmes, aides-soignantes, personnel des EHPAD, des crèches, aides à domicile : les personnels de santé sont en grande majorité des femmes. En revanche les médecins, les spécialistes, les directeurs de structures sont bien souvent des hommes. Cette hiérarchie existe dans la plupart des métiers, mais est particulièrement flagrante dans ce milieu. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les inégalités salariales existent même dans la fonction publique, notamment chez les médecins. Les stéréotypes sexistes attribuent aux femmes les qualités nécessaires à la prise en charge des autres : douceur, patience, écoute, attention, etc. De ce fait les compétences des personnels féminins sont très mal reconnues et les salaires sont en conséquence très faibles. En revanche, puisqu’il s’agit de s’occuper d'êtres humains, le système n’hésite pas à jouer sur la conscience professionnelle en imposant des horaires, des tâches, des modalités d’organisation du travail tout simplement insupportables. Stress, port de charges lourdes, horaires décalés, responsabilités importantes… à tout cela s’ajoute un management qui n’a rien à envier à celui de la production avec la même logique de rentabilisation maximum. Le harcèlement sexuel ou le sexisme qui prévaut dans les salles de garde est considéré comme faisant partie de la « culture » de ce milieu et commence à peine à être mis en lumière. Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner que le mal-être des personnels explose, allant jusqu’au suicide comme on l’a vu à plusieurs reprises récemment. Ces conditions de travail dans un domaine essentiel comme la santé sont inacceptables et mettent en danger patientEs et soignantEs.
Des victoires de travailleurEs de la santé
De nombreuses luttes ont lieu malgré le droit de grève quasi impraticable dans ce secteur du fait de l’obligation de continuité des soins et du sous-effectif chronique. Et récemment nous avons pu nous réjouir de luttes victorieuses. En décembre dernier les grévistes du service de pédopsychiatrie du CHU de Toulouse, après 16 jours de grève totale, ont obtenu satisfaction. Dans de nombreux services de l’hôpital public, le personnel commence à relever la tête face à la dégradation de ses conditions de travail.
En janvier, dans les EHPAD, les salariéEs se sont mobilisés au niveau national. Cela a posé sur la place publique la question du sort réservé dans cette société à nos aînéEs.
Se mobiliser contre les mesures gouvernementales dans le domaine de la santé et de la sécurité sociale est un enjeu majeur pour le mouvement des femmes. Il faut défaire toutes les contre-réformes néolibérales qui détruisent l'hôpital public et sont néfastes pour la santé des habitantEs de ce pays. L'époque est loin où la France avait une réputation avantageuse quant à ses réalisations en matière de santé publique. C'étaient des conquêtes de la période d'après-guerre, que nous perdons les unes après les autres. Aujourd’hui il est urgent d’imposer au gouvernement de donner les moyens pour un vrai service public de soins de qualité pour touTEs avec l’embauche de personnels soignant dans les hôpitaux et EHPAD notamment. Pour cela 2 dates sont d’ores et déjà dans la calendrier : le 15 mars pour les EHPAD et le 22 mars contre la casse du service public.