Le travail gratuit des femmes est lié aux différences salariales entre les femmes et les hommes. L’écart se creuse depuis 2018. En 2021, le 3 novembre à 9 h 22, les femmes en France ont commencé à travailler gratuitement. Toutefois, il existe un autre travail gratuit, bien plus important mais souvent invisible.
Il s’agit de ces nombreuses tâches réalisées par les femmes et qui, non seulement ne sont jamais rémunérées mais qui ne sont pas reconnues, qui sont dévalorisées, alors qu’elles sont pourtant essentielles à la société.
Il s’agit essentiellement de soins à la personne. S’occuper de sa famille : les tâches ménagères, cela vient immédiatement à l’esprit. Mais ce n’en est qu’une partie. En effet, il ne faut pas oublier de comptabiliser le temps passé autour de l’école : accompagner les enfants, rencontrer les enseignantEs, aider aux devoirs, autour des loisirs, organiser, accompagner, prendre soin de ses parents âgés, en situation de handicap. On oublie le temps passé en gestion et en démarches et parfois en luttes pour obtenir les aides auxquelles la famille peut prétendre.
On considère que ces tâches doivent être effectuées gratuitement au sein d’une famille. Elles sont indispensables à la société mais ignorées des indicateurs économiques, accomplies sans salaire, sans contrat de travail et donc sans protection sociale.
Quelle est la valeur de ce travail gratuit des femmes ?
En 2019, dans le monde, la valeur du travail non rémunéré effectué par les femmes est estimée à 10 900 milliards de dollars. Ce chiffre exorbitant provient d’une étude d’Oxfam visant à évaluer la valeur monétaire de cette main-d’œuvre invisibilisée. Voilà ce que les femmes auraient gagné si elles avaient été payées au salaire minimum pour toutes les heures qu’elles consacrent aux tâches domestiques et à prendre soin de leurs proches. Ce travail, indispensable au fonctionnement de la société, reste pourtant largement ignoré par les économistes : il n’apparaît pas dans le PIB national, ni dans les mesures de croissance économique. En France, en 2020, le travail gratuit représente 42 milliards d’heures contre 38 milliards d’heures de travail rémunéré ! Comment peut-on penser que ce travail n’est pas absolument essentiel ?
Au-delà de la valeur directement économique de ce travail gratuit, les femmes en paient aussi un tribut social, culturel et de santé. En effet, pendant qu’elles œuvrent à ces tâches, elles n’accèdent pas à un travail salarié : ce sont 42 % des femmes qui disent qu’elles ne peuvent avoir un emploi rémunéré en raison de la charge trop importante du travail gratuit réalisé dans le cadre familial. Elles se forment moins donc, quand elles accèdent à un emploi salarié, c’est avec un salaire moindre, un temps partiel généralement imposé. Elles ont moins de loisirs : 3 h 30 par jour pour les hommes, 2 h 45 pour les femmes. Elles accèdent donc moins à la culture, au repos tout simplement. Enfin, elles prennent moins bien soin de leur propre santé ; elles ont moins de temps pour le sport par exemple. Tout cela a un coût social qu’il est capital et urgent de chiffrer.
Quelles luttes contre ce travail gratuit des femmes ?
Il est urgent d’agir et il faut le faire sur tous les fronts, en même temps. il faut éduquer pour périmer ce modèle de la famille nucléaire où la femme s’occupe de tout et de tous. Il faut développer les services publics car l’État se déleste de ses charges sur les femmes : moins de 15 % des enfants sont accueillis en crèche par exemple. Il faut réduire les écarts salariaux entre femmes et hommes : si nous laissons faire les choses, il faudrait attendre 2234 pour l’atteindre. Il est temps de prendre des mesures fortes !