Elles ont élaboré 139 propositions pour une véritable politique publique contre ces violences. Elles demandent 2,6 milliards d’euros par an, dont 332 millions spécifiquement contre les violences sexuelles.
Une large coalition
La nouveauté est dans cette coalition large qui regroupe des associations très diverses. Certaines allient actions de « terrain » et luttes féministes, comme les Maisons des femmes, le Collectif féministe contre le viol, STOP Violences obstétricales et gynécologiques, Mémoires traumatiques, le Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles, le mouvement du Nid, le Planning familial, d’autres sont plutôt issues du terrain politique, comme le Collectif Droits des femmes, Grève féministe, Osez le féminisme, Zéro macho, Chiennes de garde ou encore des associations de « plaidoyer» comme la Fondation des Femmes, la Coordination française pour le Lobby européen des femmes. Il y a aussi des associations de défense des droits des enfants, des syndicats, CGT, FSU, Solidaires, des élues, des juristes, des avocates. Elles disent : « La loi que nous demandons vise à faire reculer toutes les formes de violences sexuelles : viols, agressions sexuelles, harcèlement sexuel, système prostitutionnel, proxénétisme, traite des êtres humains, violences obstétricales et gynécologiques, mutilations sexuelles féminines, mariages forcés et violences sexuelles en ligne, que les auteurs et les victimes soient majeurEs ou mineurEs, que ces violences aient lieu au sein ou en dehors du couple. »
Quels sont les ressorts de cette initiative ?
Une proposition de loi-cadre contre les violences faites aux femmes avait été portée par une partie du mouvement féministe dans les années 2000. Plusieurs avancées sont à mettre à leur actif comme l’augmentation du délai de prescription pour les viols et la reconnaissance du viol conjugal.
Depuis, il y a eu le mouvement MeToo, le renouveau des mobilisations féministes au niveau international et dans la jeunesse, mouvement puissant de dénonciation des violences patriarcales. Ce mouvement a ouvert de nouveaux chemins et suscité beaucoup d’espoir.
Les associations de la coalition féministe tirent aujourd’hui un bilan sombre. La situation n’a pas progressé, l’impunité prévaut avec un système judiciaire incapable d’apporter des réponses. Alors que les faits enregistrés pour violences sexuelles ont explosé (+ 282 % entre 2017 et 2023), le nombre de condamnations reste extrêmement faible : 94 % des affaires de viol ont été classées sans suite en 2021.
« Les viols perpétrés sur Gisèle Pelicot par des messieurs tout-le-monde, les révélations sur l’Abbé Pierre, démontrent l’imprégnation profonde de la culture du viol. La quasi totalité des agresseurs sont des hommes (97,3 %)… en 2024 nous en sommes là », constatent celles qui appellent à manifester le 23 novembre pour la Journée internationale contre les violences envers les femmes. Il y a urgence à se mobiliser !