Publié le Mercredi 18 novembre 2020 à 12h06.

Pouvoir travailler en paix, est-ce trop demander ?

« Tous les matins, se rendre au travail sans appréhension, savoir qu’on pourra compter sur les collègues ou sur la direction en cas de problème, qu’on pourra dénoncer le harcèlement ou l’agression qu’on a subie sans risquer de tout perdre... et aussi qu’on aura le droit, pour pouvoir souffler et prendre le temps de "se retourner", à quelques jours de congé si l’on doit fuir un conjoint violent... »1

À la fin du premier confinement, associations féministes et syndicats interpellaient Macron pour demander, non pas des médailles, mais l’égalité et la fin des violences au travail. Un des objectifs étant d’obtenir la ratification par le gouvernement de la convention 190, adoptée par l’Organisation internationale du travail en 2019.

« Politiques systématiques de prévention et de protection des victimes »

L’adresse est rédigée ainsi et porte un certain nombre de revendications incontournables pour éradiquer les violences :
« Arrachées par la mobilisation des femmes et le mouvement syndical, la convention et la recommandation sont ambitieuses et novatrices et constituent le premier texte international contraignant visant à lutter contre le harcèlement et les violences au travail. Elles exigent des États et des employeurs la mise en place de politiques systématiques de prévention et de protection des victimes, que les violences aient lieu au travail ou dans le cadre domestique. Ces progrès majeurs ne pourront voir le jour que si cette convention est ratifiée par les États. […]

Monsieur le Président, cette ratification doit être l’occasion de changer la donne en France et de nous doter d’une législation de référence pour éradiquer les violences sexistes et sexuelles au travail et créer des droits pour les victimes de violences conjugales à l’image du Canada, de l’Espagne, des Philippines, ou encore de la Nouvelle-Zélande. […]

L’ensemble des professionnelLEs, des représentantEs du personnel et des salariéEs doivent être formés et sensibilisés pour lutter contre ces violences. […]

La France doit sécuriser l’emploi et la carrière des victimes de violences, que celles-ci aient un lien avec le travail ou non, en mettant en place plusieurs mesures : le droit à des aménagements d’horaires, de poste, des congés payés, la possibilité d’une mobilité fonctionnelle ou géographique choisie, ainsi que l’accès à une prise en charge médico-sociale et psychologique des victimes sans frais. Pour garantir le droit au travail et le maintien en poste des femmes victimes de violences conjugales, il convient d’interdire leur licenciement comme c’est le cas pour les victimes de violences au travail. »

30 % des salariées en France ont déjà été harcelées ou agressées sexuellement sur leur lieu de travail. Quand elles en parlent à leur employeur, 40 % estiment que la situation s’est réglée en leur défaveur, par une mobilité forcée voire un licenciement. La ratification de la convention ne résoudra pas tout, mais aidera à mettre fin à cette situation ! La mobilisation autour du 25 novembre est l’occasion de relayer cette campagne unitaire.