Le contenu des 139 propositions se décline en 10 thématiques et 4 priorités : la prévention des violences à l’école, dans la famille, dans l’espace public et dans le travail ; l’accompagnement et le soutien des victimes ; la formation aux questions de violences sexistes et sexuelles de toutes et tous les professionnels ; une meilleure accessibilité du parcours judiciaire.
La coalition féministe en appelle à une « véritable politique publique coordonnée sur l’ensemble des ministères : Égalité, Justice, Intérieur, Solidarité, Travail, Éducation, Santé, etc. »
Pour mettre en œuvre cette politique, les féministes ont évalué un budget en rupture avec tout ce qui s’est fait jusqu’alors : 2,6 milliards d’euros, au lieu des 12,7 millions d’euros d’aujourd’hui qui représentent…. 0,003 % du budget de l’État ! On se souvient que lors de sa première élection, sous la poussée de « MeToo » Macron avait proclamé les droits des femmes « grande cause nationale de son quinquennat ». La baudruche s’est vite dégonflée, et les associations féministes ont vite compris que les femmes allaient être au contraire « les grandes laissées-pour-compte » !
Éducation et enfance
Pour faire reculer la culture du viol, la coalition féministe préconise une grande campagne d’information et d’éducation dans les lieux éducatifs et en direction des plus jeunes. Elle demande que soient effectives les 3 séances d’éducation à la vie affective et sexuelle dans les établissements scolaires car elles sont quasi inexistantes à la fois par manque de moyens et parce que l’Éducation nationale a reculé souvent face aux pressions de la droite et de l’extrême droite.
La lutte contre l’industrie pornocriminelle et pédocriminelle occupe une place importante à la mesure de son développement en ligne et des conséquences pour les jeunes. Aussi, l’accent est mis sur la répression des contenus de violences sexuelles en ligne, sur l’interdiction d’accès des mineurEs aux contenus pornographiques, sur la suppression des vidéos de viol, d’inceste et de pédocriminalité en ligne.
On retrouve encore des mesures phares pour la protection de l’enfance comme l’introduction dans la loi de l’infraction pénale de l’inceste et son imprescriptibilité. Actuellement, ces faits n’ont d’existence que comme une circonstance aggravante des agressions sexuelles et des viols. Une autre proposition importante pour la vie des femmes et des enfants : l’abandon de toute référence au prétendu « syndrome d’aliénation parentale » issu des stratégies des pères « virilistes » par rapport à la garde des enfants.
Travail et Sécurité sociale
Plusieurs mesures sont proposées pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles au travail qui sont d’autant plus nombreuses que les rapports de domination y sont exacerbés : des sanctions contre les employeurs qui n’ont pas mis en place les mesures de prévention et les procédures de signalement ; la prise en charge par les employeurs des frais des victimes ; la protection rigoureuse de leur emploi.
Notons aussi pour l’amélioration de l’accompagnement des victimes, une prise en charge et des soins accessibles pour toutes avec un remboursement à 100 % des soins psychologiques et psychotraumatiques et la création de centres de prise en charge d’urgence accessibles 24/24 h (comme en Belgique).
Améliorer la prise en charge judiciaire
Enfin les dernières propositions concernent le système judiciaire et policier avec l’amélioration du dépôt de plainte, de la protection des victimes pendant la procédure et la mise en place de moyens pour une justice réellement spécialisée. Citons-en quelques-unes :
– développement de brigades de police et de gendarmerie volontaires formées et spécialisées ; une formation aux VSS dès la formation initiale pour toutes les forces de l’ordre ; l’accès à l’aide juridictionnelle dès le dépôt de plainte pour la victime ;
– augmentation des ordonnances de protection et des places en hébergement d’urgence ; interdiction des enquêtes sur le passé sexuel des victimes ;
– pallier le manque chronique de moyens dans la justice ; lutter contre les préjugés sexistes par la formation des juges et de tous les personnels ; politique de suivi et d’accompagnement des agresseurs pour lutter contre la récidive ; réaffirmation des cours d’assises comme cadre de référence pour le jugement des viols.