Les élections allemandes de l’automne prochain sont déjà aujourd’hui l’enjeu d’un avenir proche qui structure le débat politique public.
Avant, surtout en Rhénanie du Nord-Westphalie en mai, il y a d’importantes élections régionales. Les thèmes de l’Europe et de l’UE ne joue pas un rôle central pour le moment, ce qui pourrait changer au cas où les conflits entre la troïka et le gouvernement grec reprendraient de manière spectaculaire.
Au centre des propos des politiciens se trouve la question des réfugiéEs, avec actuellement le conflit avec le gouvernement turc et les questions sociales. Le candidat à la chancellerie du SPD, Martin Schulz, propose en effet quelques corrections des lois Hartz (Agenda 2010 de Gerhard Schröder) pour les rendre un peu plus sociales, et les porte-parole des organisations patronales s’y opposent violemment, clamant que cela coûterait énormément d’emplois.
L’AfD (Alternative für Deutschland) ne demande pas que l’Allemagne quitte l’UE, mais l’Eurozone. Elle veut un État national allemand fort qui ne paie pas pour les autres, et proclame défendre l’identité et la souveraineté nationales contre les élites européennes et leur bureaucratie à Bruxelles et Strasbourg.
Xénophobie
Sous l’ancienne direction de Bernd Lucke et de Hans-Olaf Henkel, l’opposition à l’euro et aux « milliards pour les Grecs » était au centre de l’agitation de l’AfD. Mais depuis l’installation de la nouvelle direction sous Frauke Petry, d’autres thèmes prévalent, en particulier la démagogie raciste et islamophobe contre les réfugiéEs.
Si dans les débuts, l’AfD pouvait être caractérisée comme « populiste de droite » et « néolibérale de droite », maintenant les forces fascisantes proches du néonazisme sont devenues très influentes dans le parti. Frauke Petry est sous pression de la droite du parti. Ainsi, elle voulait faire blâmer ou exclure Björn Höcke pour ses propos ouvertement antisémites, mais les amis de ce dernier auront probablement une majorité au tribunal interne du parti...
L’agressivité des propos du personnel de l’AfD contre toute tolérance et solidarité envers les réfugiéEs est effarante. Ainsi, le vice-président du parti Alexander Gauland déclare : « Il faut fermer les frontières et supporter les images cruelles. Nous ne pouvons pas subir le chantage de regards d’enfants... » Ou Beatrix von Storch, également vice-présidente du parti : « Qui n’accepte pas notre stop ! à la frontière, devient un agresseur. Et contre des agresseurs, nous devons nous défendre... ».
Il faut ajouter que le caractère procapitaliste et néoliberal du parti ne souffre pas de son adaptation aux forces d’extrême droite. Petry dit que la loi sur le salaire minimum tue les emplois (« Jobkiller »).
Un autre dirigeant de l’AfD, Konrad Adam, a dit : « Pour 38 millions d’actifs professionnellement, il y a environ 20 millions de pensionnés, 6 ou 7 millions de chômeurs et 2 millions d’étudiants : des gens qui prennent pour un droit donné par Dieu de vivre de ce que d’autres produisent pour eux... »
De Cologne, Manuel Kellner
Membre de l’Organisation socialiste Internationale (IVe Internationale) et rédacteur de Sozialistsche Zeitung (SoZ)