Le régime indonésien a commis des crimes particulièrement graves au Timor oriental (ou Timor-Leste), ancienne colonie portugaise située dans la moitié est de l’île de Timor, la partie occidentale, ancienne colonie néerlandaise, étant intégrée à l’Indonésie.
Après la révolution des Œillets au Portugal, le 28 novembre 1975, le Timor oriental proclame son indépendance, brièvement reconnue par certains États. Le 7 décembre, l’armée indonésienne a envahi le pays et l’a annexé en 1976 — une annexion qui ne fut jamais reconnue par l’Organisation des Nations unies (ONU) — en le considérant comme la 27e province de l’État.
Un colonisation par la terreur de masse
La résistance armée à cette nouvelle colonisation a été pour l’essentiel dirigée par le Fretilin, le Front révolutionnaire pour l’indépendance du Timor oriental, qui avait déjà combattu pour l’autodétermination du territoire du temps de la dictature portugaise. Les forces paramilitaires, avec l’appui de l’armée indonésienne, ont mené une guerre particulièrement sanglante contre les Est-Timorais, menant une politique de terreur de masse visant à provoquer un exode massif de population vers des provinces sous juridiction indonésienne, notamment la partie occidentale de l’île. Pour ce faire, tout était bon : massacres, viols, tortures, saccage des centres urbains… Au total, selon les évaluations d’historienEs, au moins 200 000 personnes ont été tuées en deux ans, soit plus du quart de la population.
L’indépendance du Timor oriental
En 1998, le Fonds monétaire international (FMI) a ouvert une crise de régime en Indonésie en maintenant ses exigences de remboursement des dettes alors que la région était sous le coup d’une crise financière majeure, provoquant involontairement la chute de Suharto. Cela a contribué à modifier la donne en Indonésie même.
Face aux pressions internationales, Jakarta a organisé un référendum en 1999, à l’occasion duquel la population du Timor oriental a voté à 78,5 % pour l’indépendance. Un résultat remarquable sous occupation ! Le scrutin a été suivi par une nouvelle flambée de massacres. Néanmoins, il a créé une situation politique qui a conduit à la reconnaissance de l’indépendance le 20 mai 2002. Cette victoire éclatante des indépendantistes était imprévue par l’Organisation des Nations unies (ONU). De fait, elle a engagé le Conseil de sécurité bien au-delà de ce qu’il aurait souhaité. L’émotion internationale suscitée par les massacres a aussi donné un coup de fouet à la solidarité, renforçant son efficacité, en particulier au Portugal et en Australie.
Racisme anti-papou et oppression coloniale
En Papouasie occidentale, annexée en 1969 à l’issue d’un simulacre de référendum (1 026 délégués triés sur le volet, votant sous contrainte militaire), la même violence perdure. En 2024, les exécutions extrajudiciaires ont atteint un pic de 18 cas documentés, les cas de torture 53, et quelque 70 000 PapouEs ont été déplacéEs. Le racisme anti-papou structure cette oppression coloniale interne. Or, c’est précisément en Papouasie que Prabowo Subianto a fait ses armes : en 1996, il y dirigeait des opérations militaires marquées par des massacres de civils — ce qui lui valut d’être exclu de l’armée et interdit d’entrée aux États-Unis.