Publié le Samedi 27 mai 2017 à 09h50.

« De la guerre comme politique extérieure des États-Unis »

C’est ainsi que Noam Chomsky a intitulé un recueil d’articles1 démontant les ressorts économiques et idéologiques de la politique extérieure des États-Unis. La violence économique et sociale se combine avec la violence militaire dans une politique globale de développement et d’expansion de la domination du capital américain.

Leurs multinationales enserrent la planète entière dans leur réseau. La diplomatie et les armes complètent cette domination économique selon l’adage vanté, il y a plus d’un siècle, par Theodore Roosevelt, la politique du « gros bâton » !

Première puissance militaire

L’hégémonie américaine s’exerce par la technologie, la science, la production, mais aussi par la puissance militaire. Les dépenses militaires annoncée pour 2018 atteindraient environ 603 milliards de dollars, une hausse de plus de 9 % par rapport à 2017, plus du tiers du budget fédéral. Elles avaient déjà bondi de 10,8 % entre 2007 et 2008, sous la présidence de George W. Bush.

Cela ne comprend pas le budget dédié aux « opérations extérieures », c’est-à-dire essentiellement les guerres. Celles-ci comptaient pour un peu plus de 11 % des dépenses militaires en 2016.

Trump veut faire passer les troupes de l’armée de terre de 480 000 soldats actuellement à 540 000,  étendre à 36 bataillons le Corps des Marines, contre 23 aujourd’hui, soit 10 000 Marines supplémentaires, renforcer la Navy avec 74 bateaux et sous-marins supplémentaires, et acquérir 100 nouveaux avions pour l’Air Force...

Les États-Unis restent, de loin, la première puissance militaire et nucléaire au monde. Leurs dépenses sont quasi trois fois plus importantes que celles de la Chine, qui détient la seconde place.

La lutte contre le terrorisme, le choix d’entretenir le chaos

Les USA ont toujours su construire un scénario pour justifier leurs objectifs militaires. La guerre contre l’Irak a été déclaré au nom de la possession par ce dernier d’armes dites « de destruction massives », un mensonge d’État construit par la propagande officielle des grandes puissances. Les USA avait besoin de cette guerre pour ne pas laisser le Moyen-Orient leur échapper, et ils l’ont mené, déclenchant un enchaînement de violence dont on mesure aujourd’hui les ravages.

Les attentats du 11 septembre 2001 ont largement été utilisés pour souder l’opinion derrière la « guerre contre la terreur » et engager la guerre en Afghanistan qui continue aujourd’hui encore...

Puis, le 11 septembre servit aussi de justification de la guerre pour en finir avec Saddam Hussein, sans autre objectif d’assurer une position de force aux armées américaines et justifier leur présence quelle qu’en soit le coût. La politique du chaos de Bush poursuit son œuvre destructrice.

C’est le même discours que déploie Trump, comme il l’a redit lors de son voyage en Arabie saoudite,  invoquant « une bataille entre le bien et le mal », un manichéisme religieux dénonçant l’Iran accusé de « financer la formation du terrorisme, leur donner des armes et soutenir des groupes extrémistes », et cela depuis Ryad !

Guerre commerciale... et guerre tout court !

Cette stratégie de la guerre ne relève pas d’une psychologie militariste mais des besoins organiques du capital. Bien sûr ceux du « complexe militaro-industriel » : les dépenses d’armement sont une nécessité économique pour la bourgeoisie. Le fait que la première étape du voyage de Trump soit l’Arabie saoudite en est l’illustration : 110 milliards de dollars de commandes d’armement sur un total de 380 milliards de dollars de contrats signés. Mais plus fondamentalement, la concurrence, la lutte pour l’appropriation privée des richesses ne peuvent rester dans le cadre pacifique de la « concurrence libre et non faussée ». Politique économique, politique commercial, militarisme ne font qu’un, et toute l’histoire des USA, du capitalisme en général, en est la démonstration.

Aujourd’hui, de nouveaux rapports de forces obligent les USA à se redéployer pour défendre les positions de leurs multinationales. La politique combinant le libéralisme économique et le militarisme impérialiste a déstabilisé l’ensemble de la planète, créé un état de guerre permanent, multipliant les conflits et les risques de guerres régionales. Jamais l’industrie de l’armement n’a été aussi florissante dans le monde.

Cette logique militariste exclut la paix et nous menace d’une globalisation des conflits, qui, même si elle ne prend pas la forme d’une conflagration généralisée telle que la Seconde Guerre mondiale, engendrera des destructions et souffrances considérables.

Cette logique organique du capitalisme ne laisse pas d’autre issue que l’intervention directe des travailleurs et des peuples pour conquérir le pouvoir d’imposer la paix, c’est-à-dire des relations internationales fondées sur la coopération et la solidarité.

 

  • 1. Éditions Agone, 2017, 12 euros