Publié le Mercredi 4 janvier 2023 à 11h39.

La guerre de Poutine et la résistance ukrainienne

Le 24 février 2022, Vladimir Poutine déclenchait l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes. Il justifiait cette « opération spéciale » ouvrant la plus importante guerre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, par la nécessité de « dénazifier » et « démilitariser » l’Ukraine. Au-delà, il endossait une idéologie colonialiste grand-russe en affirmant que l’Ukraine n’est qu’une partie de la Russie.

Une telle offensive militaire massive, menée par la deuxième armée la plus puissante du monde, semblait devoir atteindre ses objectifs et prendre Kiev pour imposer un pouvoir à sa botte. Mais les autorités et le peuple ukrainien dans toutes ses composantes ont opposé à cette invasion une résistance acharnée et multiforme. Celle-ci s’est appuyée sur une conscience historique de lutte contre les oppressions, en particulier celles du tsarisme et du stalinisme russes, et sur les leçons du conflit de 2014 qui continuait de manière larvée depuis : les manœuvres de Poutine, ses troupes camouflées occupant la Crimée et la moitié du Donbass — leçons aussi des errements du gouvernement ukrainien de l’époque.

Annexion de 4 régions administratives

Un soutien actif de la population ukrainienne, un président Zelensky galvanisé, une armée réorganisée — mais pas dominée par les fascistes, ni par une aide militaire occidentale majeure, contrairement à ce qu’une partie de la gauche a pu hélas reprendre de la propagande poutinienne —, voilà ce qui a permis que l’offensive russe s’enraye au mois de mars 2022, puis recule autour de Kiev et Kharkiv en avril en se redéployant dans les importantes régions occupées dans le sud et l’est du territoire ukrainien, mettant au jour les crimes de guerre de l’armée russe. À la fin septembre 2022, Poutine organisait l’annexion à la Russie « pour toujours » de 4 régions administratives ukrainiennes, Louhansk et Donetsk dans le Donbass, Zaporijia et Kherson au sud, alors même qu’il n’occupait pas entièrement ces régions. C’était une riposte aux contre-offensives ukrainiennes qui bénéficiaient cette fois des livraisons d’armes très conséquentes des USA et des autres gouvernements « occidentaux » et qui rencontraient des succès autour de Kharkiv, dans le Donbass et sur la rive droite du Dniepr, reprenant Kherson début novembre.

La stratégie actuelle de Poutine est de bombarder systématiquement les infrastructures et réseaux d’alimentation en énergie et en eau pour épuiser dans l’hiver le soutien civil à la résistance ukrainienne, ce qui constitue un nouveau crime de guerre. Mais, alors que des gouvernements « raisonnables » et certains à gauche se préoccupent de la pression à mettre sur les UkrainienEs pour un cessez-le-feu immédiat, il est clair que Poutine et ses proches refusent l’incontournable retrait de leurs armées de l’Ukraine, et cherchent avant tout à préparer la prochaine offensive de leurs troupes blindées. Cependant, leur position est fragilisée par la réticence du peuple russe à participer à cette guerre, encore plus celle du peuple biélorusse.

Aux côtés de la résistance ukrainienne

Toutes les forces démocratiques, en particulier en Europe orientale, ne peuvent que souhaiter un affaiblissement qualitatif voire la chute du régime de l’autocrate Poutine comme condition pour une paix juste et durable. Cela sans illusions sur les politiques menées par les impérialismes occidentaux, ni sur la diminution des budgets militaires partout dans le monde au-delà de cette guerre. Avec le Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine (https://ukraine-solidarity.eu/), nous sommes aux côtés de la résistance armée et non armée ukrainienne, aux côtés des anti-guerre et déserteurs russes et biélorusses, mais aussi des syndicalistes et étudiantEs ukrainiens qui luttent contre les dramatiques mesures néolibérales du gouvernement Zelensky, et des réfugiéEs d’Ukraine et de tous les pays qui réclament l’extension de la protection temporaire et le respect des droits des migrantEs, comme les droits reproductifs des femmes, les premières victimes de violence dans ces situations.