Plus susceptible de se retrouver au chômage et moins bien payé que les gosses de riches, la jeunesse ouvrière a fait les frais du covid. En temps normal, déjà, le taux de chômage des moins de 30 ans ayant un CAP ou un BEP est deux fois supérieur à ceux qui ont une licence ou plus. Et si les élèves des IUT et des BTS trouvent plus facilement un travail, c’est pour toucher un salaire plus faible de 500 euros que ceux qui ont fait des études longues pendant les quatre années qui suivent leur formation.
Des contrats précaires à la pelle
Et puis même quand la jeunesse ouvrière a un travail, celui-ci n’est pas forcément stable. La moitié des jeunes en emploi ont un contrat temporaire, type CDD ou intérim. La crise covid les a frappés durement : unE jeune sur dix qui avait un emploi avant le premier confinement l’a perdu pendant, unE jeune sur deux s’est retrouvé au chômage partiel, avec la perte de salaire qui va souvent avec. Et c’était la même galère pour celles et ceux qui sortaient tout juste des études et qui ont dû faire face aux suppressions des emplois auxquels ils et elles pouvaient prétendre : en 2020, les embauches de personnes de moins de 26 ans en CDI ou en CDD « long » (de plus de trois mois) ont reculé de presque 15 % par rapport à 2019.
Le gouvernement a réagi en sortant le carnet de chèques pour les patrons. Chaque embauche d’unE jeune en CDI ou en CDD « long » leur permettait de toucher jusque 4 000 euros. Les embauches avec ces contrats ont augmenté, mais la part des jeunes en emploi, elle, n’a pas bougé. En fait, les patrons ont fait signer à leurs jeunes salariéEs des contrats plus longs. Quand on les subventionne, ils se montrent plus coulants mais leur penchant naturel, c’est quand même d’embaucher des jeunes en contrats précaires, cela permet de gérer en fonction de leur appétit et des opportunités de profit le volant de main-d’œuvre fraichement sortie du système scolaire. Le Medef a d’ailleurs annoncé vouloir supprimer le système de bonus-malus qui pénalise (un peu) les entreprises ayant massivement recours à ce type de contrats.
Il y a donc quelque chose de vain quand les candidats de gauche promettent aux jeunes des emplois stables financés par de l’argent public. Ainsi, Jadot qui veut 30 000 emplois aidés pris en charge à 80 % par l’État. Ainsi, Roussel qui veut conditionner les aides publiques versées aux entreprises à l’embauche de jeunes en CDI. C’est par la lutte qu’il faudra imposer aux patrons l’embauche de tous les jeunes, en fait de tous ceux qui cherchent un emploi, par la répartition du travail entre toutes et tous !