Publié le Mercredi 7 juin 2023 à 12h34.

Derrière l’offensive anti-trans, une menace pour les droits de tous et toutes !

Le groupe LR du Sénat vient d’annoncer la constitution d’un groupe de travail contre « la transidentification des mineurs ». Ce sont les mêmes qui étaient à l’offensive pour vider la loi contre les thérapies de conversion des dispositions visant à protéger les personnes trans.

Ils suivent le même agenda politique que toutes les droites extrêmes et extrêmes droites dans le monde. Aux États-Unis, ce sont 549 projets de loi hostiles aux personnes trans qui ont été présentés depuis le début de l’année et 73 parmi eux qui ont été adoptés, tous dans des États républicains. Ces différentes lois attaquent tous les aspects de la vie des personnes trans.

Offensive à l’école

À l’école, elles interdisent d’évoquer la transidentité ou l’homosexualité dans les établissements scolaires, interdisent aux élèves trans d’utiliser les toilettes de leur genre de destination, de se faire appeler par le prénom qu’iels ont choisi, interdisent de sanctionner le harcèlement transphobe au nom de la liberté d’expression. Elles obligent les personnes trans à utiliser les services de leur genre de naissance, de participer aux compétitions sportives de leur genre de naissance. Ces lois bloquent toute possibilité de changement d’état civil, et tout accès aux soins de transition pour les mineurEs.

La Floride de Ron DeSantis, le principal adversaire de Trump à la primaire républicaine, est en pointe sur la question. Après avoir fait interdire les soins de transition pour les mineurEs, elle n’autorise la transition des adultes qu’en cas d’accord des services de l’État. La loi retire la garde aux parents qui accompagnent leurs enfants trans et place ces derniers sous la tutelle de l’État1.

Dans tous ces États, l’offensive contre l’ensemble des droits trans a commencé par des discours qui prétendaient « défendre les enfants ». C’est en cela que le groupe de travail créé par LR est inquiétant. Comme est dangereux le lobbying mené par des groupes comme « l’Observatoire de la Petite Sirène »2, des groupes issus de La Manif pour tous ou des pseudo-féministes transphobes. À l’encontre du consensus médical établi de longue date, ces militants présentent les thérapies fondées sur l’acceptation de la transidentité comme dangereux pour les enfants et les jeunes. Puis, une fois le pied glissé dans la porte, ils élargissent la focale et remettent en question l’accès à la transition pour les adultes, la ­possibilité de changer d’état civil…

Attaques contre le Planning familial

Les paniques morales à l’encontre du Planning familial sont significatives. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’être stérilisé pour changer d’état civil. En conséquence, de plus en plus d’hommes trans et de personnes transmasculines sont susceptibles d’avoir des besoins en termes de suivi de grossesse ou d’accès à l’avortement. Attaquer le Planning parce qu’il assure leur accueil, c’est une façon d’attaquer le droit à la santé des personnes trans, leur droit à exister dans l’espace public, à disposer librement de leur corps.

Attaquer le Planning en prenant prétexte de son caractère trans­inclusif, c’est aussi attaquer la structure féministe historique du combat pour le droit à l’avortement. Et ce n’est pas pour rien si cela se produit dans le cadre d’un backlash conservateur. Nous l’avons vu lors des débats sur la réforme des retraites, quand le RN et une partie de la droite voulaient relancer la natalité pour financer les retraites tout en limitant le recours à l’immigration.

C’est une « croisade anti-genre » qui est à l’œuvre. En attaquant les droits des femmes, des personnes LGBTI, les extrêmes droites veulent restaurer le cadre de la famille hétéro dominée par le patriarche. Cela va donc de pair avec des discours et des politiques racistes. En imposant ce cadre familial comme seule référence, en limitant l’accès à la contraception et à l’avortement, il s’agit de relancer la natalité « autochtone » face au « Grand Remplacement » pour garantir que l’Occident restera bien blanc et chrétien. Voilà le sens, en dernière instance, de l’offensive anti-trans.