Ces dernières années, le manque d’hébergements est devenu une forme particulièrement violente de précarité et de vulnérabilité pour nombre de migrantEs. Ce déficit organisé est pour l’État un des moyens de ses politiques migratoires racistes. Pour les réseaux de solidarité, trouver un toit aux élèves et à leurs familles sans-papiers est devenu une des priorités, souvent terriblement décourageante.
Face à ces impasses, c’est à Lyon, il y a maintenant plus de dix ans, que des collectifs de professionnelLEs de l’éducation et de parents d’élèves ont commencé à mettre les élèves et leurs familles à l’abri dans les écoles, de façon assumée et organisée. Depuis, le mouvement s’est diffusé à plusieurs villes, particulièrement à Grenoble depuis 2022.
11 écoles occupées à Grenoble
À la date de cet article, 11 écoles y sont occupées, abritant 18 familles. Nous y profitons de réseaux antiracistes divers et solidaires : Resf, intersyndicale spécifique dans l’éducation, coordination départementale de partis, syndicats et assos… Si la majorité municipale EELV-LFI-Ensemble avait fait bien des horreurs dans la gestion des bidonvilles et des squats, face à la pression, elle a dû se déclarer en soutien et tolérer ces occupations de bâtiments municipaux.
En un peu plus de trois ans, ce sont ainsi 80 familles (200 enfants) qui ont été mises à l’abri. La plupart ont ensuite accédé à des hébergements, soit de l’État (accueil des demandeurEs d’asile, 115) ou, bien plus souvent, du Centre d’action sociale de la ville. Mais ce bilan « humain » n’est pas satisfaisant, et l’impression de puits sans fond pourrait épuiser les collectifs.
Mettre la pression sur les institutions
Ceux-ci s’appuient donc sur cette mobilisation large de parents et d’enseignantEs pour politiser la question et mettre la pression sur les institutions, tout en cherchant à faciliter l’auto-organisation des familles, premières concernées. Les discussions avec les institutions sont menées avec les familles par l’inter-collectif, qui intègre le Droit au logement, la FCPE, le Resf et les syndicats.
Face à la mairie, cela a participé grandement à mettre en avant l’exigence de l’application de la loi de réquisition des logements vides, promise à plusieurs reprises par le maire Éric Piolle, sans aucune réalité à ce jour.
L’enjeu de l’auto-organisation
Enfin, l’auto-organisation des familles hébergées est une question essentielle, bien que complexe : lieux de vie éclatés, passages dans les écoles toujours temporaires, diversité des parcours… Des assemblées générales des familles ont lieu régulièrement et leur permettent de construire leur propre expression publique.
La force de ces mobilisations a participé à la construction rapide de l’occupation du siège de la communauté d’agglo par 140 personnes sans-papiers depuis fin novembre. Avec, là encore, l’exigence d’un toit, d’une école et de papiers pour toustes !
Correspondant