L’heure est suffisamment grave pour que mêmes les médias aux ordres du patronat reprennent les chiffres de la CGT sur le nombre de plans sociaux, de pertes d’emplois programmées.
Toujours prêts à stigmatiser les assistéEs que seraient les chômeurEs ou les immigréEs, patronat et gouvernement « oublient » les chiffres qui fâchent : la Cour des comptes estimait à 260,4 milliards d’euros le soutien financier total aux entreprises pour la période 2020-2022, soit environ 20 % de subventions directes de l’État ou des collectivités, 40 % d’exonérations de cotisations sociales, et 40 % de niches fiscales et baisses d’impôts.
Des subventions et des profits
« En même temps » les principaux groupes français ont réalisé 153,6 milliards d’euros de profits l’an dernier ; les dividendes pointaient à 67,8 milliards d’euros et les rachats d’actions à 30,1 milliards d’euros. TotalEnergies annonçait 19,3 milliards de profits. Stellantis, dont Tavares, l’ex-patron désormais, touchait 36,5 millions d’euros au titre de 2023 (une bonne base pour une prime de licenciement annoncée à plusieurs dizaines de millions) a lancé un plan de rachat d’actions d’au maximum 3 milliards d’euros en 2024.
Et Decathlon — propriété de la famille Mulliez qui possède aussi Auchan et Leroy Merlin —, où des suppressions d’emplois sont annoncées, va verser, comble du mépris, un milliard d’euros de dividendes à ses actionnaires.
Tous ensemble
À l’heure de la conjonction des crises économique, sociale, politique, écologique et des guerres, des mobilisations à la hauteur des attaques portées par le patronat et le gouvernement ne peuvent esquiver la remise en question d’un système de production à bout de souffle.
Les grandes luttes contre les fermetures de sites de la première décennie des années 2000 (Goodyear, Continental, PSA Aulnay) ont posé la question de l’interdiction des licenciements sans aboutir. Les mobilisations des dernières années, des Bonnets rouges bretons à celle menée contre la réforme des retraites, en passant par les Gilets jaunes, les mobilisations féministes ou antiracistes, ont toutes posé des préoccupations dépassant largement leurs spécificités.
Produire moins, produire autrement
L’enjeu aujourd’hui est de marquer des points, de poser des jalons dans la remise en cause de la dictature patronale dans l’organisation du travail, les choix de production, de la mise en évidence du rôle de l’État comme instrument de la classe dominante. En intégrant les préoccupations écologiques, la préservation de la santé, de la sécurité au travail mais aussi celle des consommateurEs.
C’est le sens des mots d’ordre d’interdiction des licenciements, de contrôle ouvrier (livres de comptes, organisation du travail, choix de production, etc.) mais aussi de l’affirmation de l’indispensable auto-organisation, seule capable d’unifier les préoccupations, les revendications, au-delà des fractures syndicales, des divisions liées à l’organisation du travail, au discriminations/divisions sexistes ou racistes.
Une démarche de mobilisations pour rompre avec la logique infernale du système et poser dès à présent les jalons d’une société écosocialiste.