Les 15 et 22 mars, il y a fort à parier que le verdict des urnes va être sévère pour le pouvoir en place. Le gouvernement fait feu de tout bois pour échapper à la sanction, les candidatEs cachant bien mal leur appartenance au parti présidentiel. Mais rien ne semble y faire : la claque s’annonce magistrale.
LREM peut certes garder quelques espoirs ici ou là, à Lyon (avec Gérard Collomb, encore que...), à Strasbourg (avec une candidature issue du PS...) ou à Toulouse (avec Jean-Luc Moudenc, un maire sortant LR soutenu par LREM)… Mais ces quelques villes ne sauraient effacer les échecs annoncés, plus ou moins importants, dans l’essentiel des grandes villes. C’est le cas de Lille, Nantes, Montpellier, Bordeaux et, bien entendu, de Paris où les candidatures LREM sont en (très) grande difficulté.
De plus, le parti présidentiel n’a pas de candidat officiellement investi dans la très grande majorité des communes, un tiers des candidatures présentées doit faire face à des dissidences, cela sans parler des candidatures issues de la macronie plus ou moins mal dissimulées derrière des affiches ou professions de foi anonymes.
Tout cela est bien entendu liés au contexte national de rejet profond de la politique du gouvernement – ce que montrent aussi les démissions en série de députéEs – mais aussi à un manque d’implantation et de relais locaux.
La droite LREM contre la droite LR, tout contre...
Dans ce cadre, la droite et l’extrême droite entendent tirer profit à la fois des positions prises par Macron qui a labouré le terrain antisocial depuis son arrivée au pouvoir et – paradoxalement – du rejet qui va s’exprimer dans les urnes contre la personne Macron, son mépris et sa gouvernance autoritaire.
Au vu de sa position marginale dans les institutions locales, le RN ne peut nourrir de grandes ambitions (lire ci-contre), si ce n’est celle de transformer Perpignan (122 000 habitantEs) en dangereux laboratoire pour ses mesures racistes et ultra--sécuritaires. La droite veut conforter ses places fortes (Toulouse, Marseille, Bordeaux…) et entend même battre en brèche l’influence du macronisme à droite : ainsi, dans la capitale, la percée de Dati oblige même la macroniste Buzyn à lui proposer de faire alliance dans l’entre-deux-tours.
Il faut dire que le champ est d’autant plus libre à droite que la gauche institutionnelle, PS en tête, ne s’est toujours pas remise des cinq années de Hollandisme (lire ci-contre). Le PS a perdu l’hégémonie et la capacité à rassembler autour de lui. En panne de stratégie, les Insoumis sont moins sûrs d’eux après la claque prise lors des élections européennes de mai dernier, et cherchent à s’effacer derrière des « listes citoyennes » ou de rassemblement de gauche à géométrie souvent variable suivant les villes. Les écologistes d’EÉLV jouent leur carte personnelle, partagés sur le fond entre rassemblement à gauche et main tendue au macronisme.
Bref, ce n’est donc pas du côté de cette gauche qu’il faut chercher une traduction politique des colères et de la radicalité exprimés depuis un an et demi par notre camp social. L’existence d’un vote de rupture anticapitaliste ce dimanche n’en sera que plus important.