Selon les données de l’Insee (estimation provisoire réalisée fin août), les prix à la consommation auraient augmenté dans leur ensemble de 5,8 % sur une année, + 0,4 % par rapport à juillet. Et dans ce cadre, l’augmentation du prix de l’énergie bat évidemment tous les records (+ 22 % sur une année). Dans le même temps, le pouvoir nous fait l’aumône…
Nos revenus seraient, paraît-il, à la hausse : +3 % sur un an pour le salaire mensuel de base dans le secteur privé, + 3,5 % pour les fonctionnaires (avec des annonces tonitruantes dans certains secteurs, comme les enseignantEs dont les salaires vont être revalorisés à hauteur de +10 %), +4 % pour les pensions et prestations sociales… Outre que le compte n’y est pas par rapport à l’inflation subie, ce type de chiffrage lisse des réalités sociales bien différentes, souvent marquées par de grandes difficultés à boucler les fins de mois qui arrivent toujours de plus en plus tôt.
La crise, mais pas pour tout le monde
Les prix de l’énergie et de l’alimentation flambent chaque jour et mettent en difficulté la majorité de la population. Face à cette augmentation des prix, l’explication du gouvernement est simple : la conjoncture économique et géopolitique (guerre en Ukraine, réduction drastique des importations de gaz et de pétrole russes, rebond très fort de la demande post-covid, difficulté des chaînes d’approvisionnement, hausse du prix des matières premières...). Les entreprises, quant à elles, se justifient par la hausse des coûts qu’elles subissent. Mais dans les faits, pour la majorité des entreprises, les augmentations des prix sont beaucoup plus élevées que la hausse de leurs coûts. Elles profitent du contexte pour augmenter leurs profits toujours et encore, et on peut dire qu’au vu des derniers chiffres connus, elles ont plutôt réussi leur coup. En effet, TotalEnergies a réalisé plus de 6 milliards de dollars de profits sur le deuxième trimestre 2022, Shell 18 milliards, et BP 9 milliards. Engie a également, au premier semestre, doublé ses bénéfices. C’est le cas aussi des entreprises du CAC40 qui ont atteint 73 milliards de bénéfices au premier trimestre, soit une augmentation de 24 % par rapport à l’année dernière. La crise, on le savait, est donc loin de toucher tout le monde.
Lors de son élection, Macron avait promis d’agir pour le « pouvoir d’achat » du plus grand nombre, puisque cette question est depuis des mois la question cruciale pour l’ensemble des salariéEs, des jeunes, des précaires et des retraitéEs. C’est ainsi qu’il a fait adopter cet été la loi « Mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat », et que le gouvernement a augmenté de 3,5 % le point d’indice des fonctionnaires, de 2,9 % les indemnités chômage ou de 4 % les pensions. Et depuis, il ne cesse de s’enorgueillir de ces actions. Mais la majorité des salariéEs n’est pas dupe de ces mesurettes cache-misère qui ne compenseront pas l’absence de l’augmentation réelle des salaires, du SMIC et des minima sociaux. Pire, un certain nombre de dispositions de cette loi sont un véritable frein aux augmentations des salaires. C’est le cas par exemple de la prime dite Macron dont le plafond vient d’être augmenté, prime entièrement défiscalisée et qui ne bénéficiera pas à l’ensemble des salariéEs. Rappelons que cette prime lors de sa mise en place en 2021 n’avait été versée qu’à 4 millions de salariéEs pour un montant moyen de 506 euros... Et par ailleurs, le risque est grand que les entreprises la versent en lieu et place d’une augmentation de salaires, tout comme l’intéressement qui après l’adoption de cette loi sera facilitée.
Construire et développer la colère sociale
Mais face à la vie chère et à la perte de pouvoir d’achat, la colère sociale existe. Ainsi, les grèves sur les salaires et les conditions de travail ne cessent de se développer, comme c’est le cas ces dernières semaines des salariéEs des transports en commun, des agentEs territoriaux spécialisés des écoles maternelles ou encore des agentEs de la petite enfance…
Pour obtenir des augmentations de salaires, on le sait, seules les grèves et les mobilisations peuvent faire plier l’État et le patronat. Dans un tel contexte, la journée de grève interprofessionnelle du jeudi 29 septembre, à l’appel de la CGT, de Solidaires et de la FSU, peut être l’occasion d’une mobilisation massive du monde du travail. Le premier jalon d’une rentrée sociale anti-gouvernementale, anti-patronale, qui pour cela ne doit donc pas rester sans lendemain. Une étape sérieuse dans une mobilisation massive contre ce gouvernement qui sera l’occasion de (re)prendre confiance en notre force collective, à la condition qu’elle ne reste pas sans lendemain. Malgré toutes les limites dans lesquelles est enfermée une journée pensée sans suite à cette étape, nous cherchons à la construire à la base, en réunissant sur les lieux de travail les salariéEs pour discuter de la situation, des raisons de se mettre en grève et des suites possibles. Le NPA est aussi partie prenante des arcs de force politiques en soutien à cette journée.