Publié le Dimanche 28 janvier 2018 à 17h42.

EHPAD : D’où vient la crise ?

Selon le dernier bilan démographique de l’INSEE, le vieillissement de la population se poursuit en France.

Au 1er janvier 2018, les personnes de 65 ans ou plus représentent 19,6 % de la population. Vingt ans plus tôt, ce chiffre n’était que de 15,5 %. L’espérance de vie à la naissance est de 85,3 ans pour les femmes et 79,3 ans pour les hommes, elle ne s’accompagne toutefois pas d’un accroissement de l’espérance de vie en bonne santé, qui stagne et s’élève à 64,2 ans pour les femmes et 61,7 ans pour les hommes 

La « dépendance »

Le vieillissement de la population s’accompagne d’une perte d’autonomie, croissante avec l’âge. Celle-ci peut être, pendant une période compatible avec le maintien à domicile (avec un soutien et des aménagements). Mais, au-delà de certaines limites, une prise en charge en institution devient souvent nécessaire pour assurer à la fois les soins de santé (les pathologies et en particulier les pathologies chroniques fréquentes et lourdes) et la compensation de la perte d’autonomie (l’incapacité à faire face aux besoins de la vie quotidienne), ce que l’on appelle souvent la « dépendance ». 

C’est le rôle des EHPAD d’assurer l’hébergement et la prise en charge des «personnes âgées dépendantes ». En 2016, on comptait en France 557 648 places en EHPAD : 290 890 dans les EHPAD publics (127 070 dans les hôpitaux et 163 860 dans les communes) ; 169 030 dans les EHPAD privés non lucratifs (associatifs) ; 125 640 dans les EHPAD privés commerciaux (versant des bénéfices à leurs actionnaires).

Austérité

Ces établissements médicalisés doivent pouvoir assurer des soins par des professionnelEs de santé (médecins, infirmièrEs, kinés, ergothetapeutes, psychomotricienEs aides-soignantEs) et un accompagnement de la perte d’autonomie (aides-soigantEs, aides médico-psychologiques, animateurEs, etc.).

Au fil des années, la présence de résidentEs de plus en plus lourdement dépendantEs augmente l’intensité du travail et sa pénibilité, alors que les politiques d’austérité frappent tant les budgets de soins (assurance maladie) et ceux des départements qui via l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) financent la dépendance.

Les économies tous azimuts ont eu pour conséquence le recours aux emplois dits aidés, précaires, mal rémunérés, sans réelle ­qualification ni formation.

L’application de la réforme de la tarification décidée sous le quinquennat Hollande et les premières mesures de Macron (réduction des emplois aidés) ont provoqué la crise ouverte.