La population mondiale a progressé de 6,4 milliards de 2005 à 7,4 milliards en 2016, la population active passant de 3 à 3,4 milliards...
Le fait le plus important est que la population rurale est devenue minoritaire à la fin des années 2000. 65 % de la population mondiale sera urbaine en 2025, avec déjà 23 mégapoles de plus de 10 millions d’habitantEs. À la régression de l’agriculture s’ajoute une importante industrialisation dans des pays appelés « émergents ».
L’emploi augmente... mais pas partout !
Les emplois dans l’industrie et les services augmentent : ils représentaient respectivement 22 % et 42,5 % en 2005, 24,5 % et 45 % en 2013. L’OIT analyse que, entre 2014 et 2019, deux régions verront une importante croissance d’emplois : l’Afrique subsaharienne et le sous-continent indien, avec de 11 à 12 millions d’emplois créés par an dans chacune des deux régions. L’Amérique latine et les Caraïbes verront, eux, une croissance de 5 millions d’emplois par an. Le Maghreb et le Moyen-Orient voient chacun une progression annuelle de 1,3 à 1,8 million. En proportion, la croissance annuelle des emplois est très faible dans les autres régions : 2,3 millions dans l’ensemble UE/USA/Australie, 1,8 million en Chine… et une croissance zéro pour l’Europe orientale et la Russie.
Mais ces créations d’emplois ne modifieront pas l’analyse de fond faite par l’OIT en 2015 sur les conséquence de la crise de 2008 sur l’évolution globale des emplois : « Si l’on prend en compte ceux qui vont arriver sur le marché du travail ces cinq prochaines années, ce sont 280 millions d’emplois supplémentaires qu’il importe de créer d’ici à 2019 si l’on veut combler le déficit. Les jeunes, et tout particulièrement les jeunes femmes, continuent d’être touchés de manière disproportionnée par la montée du chômage. Près de 74 millions de jeunes (âgée de 15 à 24 ans) étaient à la recherche d’un emploi en 2014. Le taux de chômage des jeunes est de trois fois supérieur à celui des adultes. »
Ces dernières années, le chômage s’est résorbé dans certains pays d’Europe, les USA et le Japon, mais au prix d’un bond en avant de la précarité et des baisses de salaires. En Amérique latine et aux Caraïbes, en Chine, en Russie et dans certains pays arabes, le sous-emploi et l’emploi informel devraient rester irréductiblement élevés ces cinq prochaines années.
Salaires en berne...
La croissance des salaires au niveau mondial (2 % en 2013)a été portée par les économies émergentes et les économies en développement, où les salaires réels sont en hausse – parfois rapide – depuis 2007. La croissance des salaires réels dans les économies émergentes du G20 a été de 5,9 % en 2013.
Si l’on exclut la Chine, on réduit presque de moitié la croissance des salaires réels mondiaux, qui passe de 2 % à 1,1 % en 2013.
Dans les économies développées, les salaires réels ont stagné en 2012 et 2013, leur croissance se situant à 0,1 % et 0,2 % respectivement. Dans certains cas – notamment l’Espagne, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni –, les salaires moyens réels en 2013 ont été inférieurs à leur niveau de 2007...
Globalement, dans les économies développées, la croissance des salaires réels a été distancée par celle de la productivité sur la période allant de 1999 à 2013. La part des salaires dans la valeur ajoutée baisse depuis 30 ans, selon le Rapport mondial sur les salaires 2012/13 de l’OIT. Comme le constate Michel Husson, « des preuves récentes montrent que cette tendance se poursuit depuis des décennies, contrairement aux hypothèses formulées précédemment. Dans 16 économies développées, la part moyenne du travail est tombée de 75 % du revenu national au milieu des années 1970 à 65 % dans les années qui ont précédé la crise. Même en Chine, où les salaires ont triplé au cours de la décennie écoulée, la part du revenu national qui revient aux salariés a baissé. »
Des migrations de masse
Il y avait 240 millions de migrantEs internationaux en 2014, dont 150 millions de salariéEs, plus 740 millions de migrantEs internes (dont 240 millions en Chine). Ainsi plus de 10 % de la population active des Philippines doit s’exiler pour trouver un emploi. À cela s’ajoutent 40 millions de réfugiéEs climatiques, non reconnus et dont le nombre va augmenter à 200 millions d’ici 2050.
La plupart des migrations s’effectuent entre pays de même niveau de développement : 60 % des migrantEs se déplacent entre pays développés ou entre pays en développement.
Avec près de 200 millions d’habitantEs âgés de 15 à 24 ans, l’Afrique possède la population la plus jeune du monde, et celle-ci s’accroît à vive allure. Le nombre de jeunes en Afrique aura doublé d’ici 2045. Les jeunes sont non seulement de plus en plus nombreux en Afrique, mais leur niveau d’instruction progresse également. D’après les tendances actuelles, en 2030, 59 % des 20-24 ans auront reçu un enseignement secondaire. En conséquence, de nombreux jeunes Africains se retrouvent sans emploi ou, plus fréquemment, en sous-emploi dans le secteur informel, où la productivité et la rémunération sont faibles. L’incidence de la pauvreté chez les jeunes au Nigeria, en Éthiopie, en Ouganda, en Zambie et au Burundi, dépasse les 80 %. Les taux de pauvreté les plus élevés s’observent chez les jeunes femmes et les jeunes vivant en zone rurale.
Léon Crémieux