Publié le Mercredi 18 décembre 2024 à 11h00.

 Michelin-Cholet : une mobilisation déterminée qui va durer

Cholet, majoritairement ouvrière, est une ville moyenne où hiérarchie catholique et paternalisme patronal pèsent par tradition : dans une usine cinquantenaire comme celle de Michelin, une carrière sûre semblait offerte à qui pouvait y entrer.

Aussi, début novembre, l’annonce brutale de sa fermeture fut vécue comme un coup de poignard par le millier d’employéEs, les sous-traitantEs et la ville tout entière (le maire UDR pestant même contre les « voyous capitalistes »). 

Les tentatives d’intimidation de la direction déjouées

À rebours de ce qu’espérait la direction, une partie des salariéEs sont entrés dans une lutte prolongée, bloquant partiellement l’usine. La CFDT elle-même a dû, un temps, se joindre à la CGT et SUD. Surtout, un comité de lutte s’est constitué, regroupant près d’une centaine des plus mobiliséEs (Olivier Besancenot est venu les rencontrer le 20 novembre). Les tentatives de la direction de poursuivre 7 membres du comité (dont un membre de la CGT, Bastien) ont capoté, la justice décidant d’une conciliation qui a abouti, de fait, à la pérennisation des piquets de grève, de leurs barnums et de leur cantine (tenue par des militantEs solidaires). 

Un 12 décembre anticapitaliste

La journée nationale du 12 décembre a été une relance de l’action, après la première grande manifestation du 8 novembre. Cette fois, le comité de lutte, la CGT et SUD ont pu compter sur le renfort de délégations d’entreprises locales ou du groupe Michelin (notamment Vannes et Clermont-Ferrand). La CGT avait largement mobilisé, ce dont témoignait la forêt de drapeaux et de chasubles rouges. Pendant plus d’une heure, les prises de parole ont montré cette diversité : comité de lutte, CGT (Fédération chimie, UD, SNCF, Total…), SUD et FO. En revanche, la CFDT était absente. Les interventions – radicales – de Bastien et de SUD-Industrie ont été très écoutées. Au-delà, tous les intervenants portaient, de façon explicite ou implicite, la revendication d’interdiction des licenciements, et tous, un discours anticapitaliste. 

De nouvelles échéances en vue

Comme le 8 novembre, la manifestation s’est exclusivement déroulée dans la zone d’activité où se situe l’usine, ce qui a pu en limiter l’écho. Ouverte par le comité de lutte, elle n’en regroupa pas moins de 600 personnes, en présence visible d’organisations politiques : LFI, LO, PCF, NPA, LE, etc. mais pas du PS ! Ce succès peut redonner du souffle à la mobilisation alors qu’une majorité de salariéEs se tient encore à l’écart de la lutte, misant seulement sur de meilleures conditions de départ. 

Les prochaines échéances sont en partie liées aux étapes de la négociation avec la direction à Clermont, le 17 décembre en particulier avec un blocage en vue. L’idée d’une journée ville morte et d’une manifestation en centre-ville de Cholet courant janvier circule, mais rien n’est décidé. Les prochains mois seront évidemment cruciaux ; celles et ceux qui refusent la fermeture de l’usine et veulent que la direction paye très cher sa politique criminelle n’ont pas dit leur dernier mot. La lutte va continuer.

Correspondants Cholet et Angers