Le 10 octobre dernier, les neuf organisations syndicales de la fonction publique ont appelé l’ensemble des agentEs à se mobiliser, se mettre en grève. Après cette journée plutôt réussie, elles ont décidé de boycotter le Conseil commun de la fonction publique. Elles sont certes restées unies, mais cette action est très loin des enjeux du moment.
La fonction publique et ses agentEs sont dans la ligne de mire du gouvernement. Les attaques se multiplient : hausse de la CSG, gel du point d’indice, rétablissement de la journée de carence et mise en place de la rémunération au mérite. S’ajoutent les attaques qui, au quotidien, détériorent encore et toujours plus les conditions de travail des personnels.
Face à ces contre-réformes, la mobilisation a débuté par une grève et une participation massive aux manifestations le 10 octobre. Suite à cette journée, la CGT, la CFDT, FO, l’UNSA, la FSU, Solidaires, la CFTC, la CGC et la FA FP ont « acté la poursuite de la mobilisation unitaire » et décidé de boycotter la réunion du Conseil commun de la fonction publique du 6 novembre que devait présider le ministre des Comptes publics, Darmanin, en charge des fonctionnaires. Après la journée de grève, les organisations syndicales avaient appelé à un rassemblement militant devant Bercy mais, sans surprise, cette journée passée totalement inaperçue chez les agentEs n’aura eu aucune influence sur les décisions du gouvernement. Darmanin est resté droit dans ses bottes sur l’ensemble des questions, le 8 novembre dernier, lors du Conseil supérieur de la fonction publique. Face à cette attitude, les organisations syndicales ont décidé de se revoir le 28 novembre prochain pour décider d’une nouvelle journée de mobilisation.
Tergiversations face à un gouvernement de combat
Si la mobilisation du 10 octobre a permis quelques améliorations sur la CSG, avec une seconde revalorisation de l’indemnité de compensation qui concernerait aussi les nouveaux agents, « les avancées sont bien maigres », a reconnu Mylène Jacquot, de la CFDT, dans l’Humanité du 7 novembre. Pour Bernadette Groison de la FSU, « le gel de la revalorisation des carrières (PPCR) signée avec l’ancien gouvernement est pour nous un gros sujet de fâcherie. Déjà trop étalé dans le temps, il est maintenant reporté. Le gouvernement n’améliore pas le pouvoir d’achat des agents mais le dégrade. » Pour Luc Farré de l’Unsa, « il y a rupture de la parole d’État… Jusque-là, les décisions étaient toujours appliquées. Maintenant, nous n’avons plus confiance. C’est une erreur politique, qui augure mal d’un accord éventuel. »
Darmanin et le gouvernement affirment tenir compte du « dialogue social », mais ne bougent pas malgré les mobilisations. Le Premier ministre a même choisi de créer un comité « action publique 2022 » pour « moderniser » la fonction publique… sans les syndicats. L’objectif est de revoir les missions de l’État, en envisageant de les confier en partie au secteur privé ou de les abandonner. Une audition d’une heure (!) a été proposée aux organisations, à laquelle Solidaires et la CGT ont décidé de ne pas participer. La feuille de route annoncée a de quoi inquiéter, avec en ligne de mire les « promesses » électorales de Macron : supprimer 120 000 postes, répartis entre la fonction publique territoriale (70 000) et la fonction publique d’État (50 000).
Face à un gouvernement de combat, la stratégie des organisations rend difficile une mobilisation convergente et importante. La journée du 10 octobre méritait mieux. Et face à ce gouvernement, il est urgent de le combattre réellement.
Joséphine Simplon