Alors que la colère des enseignantEs mobiliséEs contre le choc des savoirs et pour un plan d’urgence dans le 93 n’est toujours pas retombée, Belloubet s’est illustrée par un spectaculaire cafouillage sur la question du paiement des heures supplémentaires…
Sans doute désireuse de jouer à la bonne élève du gouvernement, la ministre de l’Éducation nationale avait ordonné aux rectorats, lundi 29 avril, de geler l’attribution des heures supplémentaires et des indemnités pour missions particulières. Une façon de répondre à l’injonction faite par son collègue Bruno Le Maire de trouver 692 millions d’économies sur le budget de son ministère.
Rétropédalage sur les heures supplémentaires
Il y aurait beaucoup de choses à redire sur ces heures supplémentaires, qui correspondent à la logique du « travailler plus pour gagner plus » chère à Sarkozy, et qui servent même parfois de caisse noire aux chefs d’établissement afin de récompenser les profs les plus dociles. Il n’empêche que leur suspension aurait signifié que beaucoup de collègues se seraient retrouvéEs à travailler bénévolement ou à stopper brutalement certaines tâches ou projets pourtant pertinents du point de vue pédagogique.
C’est donc assez logiquement que cette décision a suscité une énorme vague de colère dans les salles des profs, et encore plus chez les chefs d’établissement. D’un point de vue tactique, c’était pour le moins maladroit de s’aliéner ainsi la frange la plus coopérative de ses personnels, surtout dans une période d’aussi grandes tensions dans l’Éducation nationale.
Il aura donc fallu moins de 48 heures pour que le gouvernement fasse un spectaculaire demi-tour en annonçant, alors que les syndicats défilaient encore dans les cortèges du 1er Mai, que les moyens supprimés seraient rétablis. Nicole Belloubet, croyant bien faire, subit donc un nouveau camouflet et ressort de cet invraisemblable épisode encore plus discréditée.
Dans le 93, toujours mobiliséEs
On espère que cela la poussera à un peu moins de mépris vis-à-vis des personnels mobilisés et qu’elle accédera à la demande de l’intersyndicale du 93 en la recevant une nouvelle fois le 15 mai prochain, et que cette fois ce sera pour faire de vraies annonces concrètes.
En attendant, les mobilisations continuent. Dans le 93, sans être tout aussi massif qu’avant les vacances, le mouvement pour un plan d’urgence tient le pari de la durée, avec encore une date de grève le jeudi 2 mai, un rassemblement organisé par les parents le dimanche 5, et de nombreuses soirées dans les écoles, de Montreuil à La Courneuve. Fort de plus de 100 000 euros dans sa caisse de grève, le 93 a les moyens de continuer sa lutte. Et malgré le fait que toutes les académies ne sont pas encore rentrées, on bouge aussi ailleurs, comme en témoigne la casserolade qui a accueilli Nicole Belloubet à sa descente du train à Toulouse, ou encore les manifestations organisées à Paris et dans le 92 le samedi 4 mai.
Maintenir la pression et étendre à toutes les académies
Il y a en effet fort à faire face à la surenchère réactionnaire dans la politique éducative du gouvernement. Dernier épisode en date : la publication des programmes du choc des savoirs pour les cycles 1 et 2, de la maternelle au CE2. On y retrouve toutes les obsessions de Gabriel Attal : standardisation des méthodes, mépris du savoir-faire des enseignantEs, formatage des pratiques et des enfants, et tri des élèves dès leur plus jeune âge.
Il est donc plus que jamais nécessaire de maintenir la pression face à Attal et Belloubet. Les syndicats appellent à une semaine de mobilisation du 13 au 17 mai. Dans le 93, rendez-vous est donné le mardi 14 mai avec une grève que l’on espère massive. Et au-delà, même si la manifestation nationale du 25 mai aura pour intérêt de rassembler sur une même date profs et parents, on pourra difficilement se passer d’un appel à de nouvelles journées de grève.
Commission Éducation nationale