Publié le Jeudi 9 décembre 2021 à 18h00.

Travailler moins pour travailler touTEs, pour travailler mieux dans l'Éducation nationale

Gérard Longuet, qui s’y connait bien en financement (occulte), vient de remettre un récent rapport du Sénat sur les moyens des politiques de l’enseignement scolaire. Celui-ci est particulièrement éclairant sur l’état des conditions de travail et des salaires des personnels de l’école aujourd’hui : salaires en berne, temps de travail en hausse.

À ce titre, la politique de Blanquer ne change pas de cap : faire des économies sur le dos de l’éducation des jeunes. C’est ce qui explique qu’il ait rendu à Bercy 800 millions d’euros en deux ans, pendant la pandémie. Le rapport du Sénat chiffre objectivement les serrages de ceinture que nous subissons depuis cinq ans.

20 ans de politique antisociale, c’est – 20 % pour les salaires

Premier constat, les enseignantEs français ont perdu entre 15 et 25 % de rémunération au cours des 20 dernières années. Le salaire des enseignantEs est inférieur d’au moins 15 % par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE. Si les professeurEs certifiés sont mieux payés que leurs collègues des écoles, c’est grâce aux primes et aux heures supplémentaires. Ces dernières ont augmenté de 13 % en lycée et 7 % en collège sur ces 30 dernières années. Le rapport chiffre le travail hebdomadaire d’unE enseignantE à 38,2 heures par semaine.

Cependant, le Sénat explique qu’il faut continuer à augmenter cette part d’heures supplémentaires pour faire face à la baisse globale de 17 % d’élèves dans l’enseignement primaire. Car celle-ci est inégale suivant les années (pic démographique de 2010). On est bien loin d’imaginer que ce serait l’occasion d’expérimenter les classes à effectifs réduits. À ce titre, les dédoublements des classes de CP et de grande section sont précisément chiffrés et cela laisse entendre leur enterrement futur.

Alors que nous subissons depuis deux ans une pandémie sévère, qui devrait entrainer des mesures sanitaires et pédagogiques immédiates (dédoublement des classes, embauche de médecins scolaires, infirmierEs, assistantes sociales…), les effectifs des personnels restent stables avec 70 créations d’équivalent temps plein sur 1,2 million d’emplois ! Ce que Gérard longuet semble reprocher à Blanquer, ce dernier avait réussi à diminuer le nombre de personnels ces trois dernières années. C’est la partie la plus politique du rapport : il savonne la planche du soldat Blanquer qui « termine moins bien qu’il n’a commencé ». Sa réforme du bac est jugée comme « sorte de mystère que personne ne parvient à élucider », qui renforce les inégalité territoriales et l’accès aux études supérieures.

Les restrictions budgétaires décrites dans le rapport du Sénat se font sur le dos des élèves. Le Sénat établit qu’il y a, en moyenne, 19 élèves par enseignantE dans l’élémentaire et 23 élèves au moins dans le préélémentaire (de 3 à 6 ans). Imagine-t-on une seule seconde que de tels effectifs permettent de mettre en place des pédagogies émancipatrices pour tous les enfants ?

Pour un plan d’urgence éducative !

Il faut arriver à amplifier les quelques frémissements de mobilisation des personnels de l’éducation nationale pour mettre la question de l’École publique au centre des débats. À l’image de l’expression qui dit que « le meilleur moment pour planter un arbre c’était il y a vingt ans et le deuxième meilleur moment est aujourd’hui », il faut en faire de même pour l’École publique. Il faut immédiatement recruter des personnels pour diminuer les effectifs dans les classes, diminuer le temps de travail et créer des établissements à taille humaine. Il faut en finir avec la précarité dans l’éducation, c’est-à-dire titulariser sans condition et créer de nouveaux statuts (notamment pour les AESH et AED). Enfin, revaloriser de 20 % les salaires dans l’ensemble de la fonction publique. Nous défendons cette politique de rupture radicale avec celles qui ont été à l’œuvre depuis au moins 20 ans. Cela passera par des mouvements de grève massifs, que nous appelons de nos vœux pour 2022.