Entre le 11 et le 14 avril se sont déroulées à Paris des rencontres bilatérales entre l’État et les indépendantistes de Kanaky-Nouvelle-Calédonie. Ces dernierEs avaient finalement accepté cette rencontre pour rediscuter du statut et de l’avenir de leur territoire après le référendum de décembre 2021 qu’ils et elles caractérisent à juste titre comme illégitime.
Pour les indépendantistes, le sens des discussions est « l’accession à la pleine et entière souveraineté en 2025 ». Une rencontre à laquelle Darmanin et Borne voulaient au contraire associer les anti-indépendantistes, invités également et pressés de tourner définitivement la page du processus pouvant mener à l’indépendance issu des accords de Nouméa de 1998.
Lignes rouges
Une rencontre tripartite que la délégation indépendantiste a refusée. Et ce d’autant plus que l’intention affirmée du gouvernement, en écho à celle des anti-indépendantistes, était d’imposer le dégel des listes électorales pour les élections provinciales du 24 mai. Une opportunité pour eux de reprendre, au détriment du peuple kanak, plus de pouvoir dans les instances de gouvernance territoriale (assemblées provinciales, congrès et gouvernement de Kanaky-Nouvelle-Calédonie).
Le maintien du gel des listes électorales est une ligne rouge non négociable pour les indépendantistes car, en raison de la colonisation de peuplement imposée à coups de massacres et d’expropriation de terres par l’impérialisme français, la population kanak ne représente plus que 40 % de la population de son propre territoire. Après les luttes des années 1980 pendant lesquelles de nombreux militants indépendantistes, tel Eloi Machoro, sont tombés sous les balles de l’armée française, le gouvernement français a été contraint de signer les accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998). Le gel des listes électorales dans les scrutins électoraux à venir en faisait partie, pour rééquilibrer le déficit de représentation de la population kanak — intégrant cependant les autres composantes de la population installées de longue date et considérées comme elles aussi victimes de l’histoire. Des scrutins décisifs, en particulier les trois référendums prévus dans les mêmes accords qui organisaient également, sur une période de vingt ans, le transfert progressif de compétences pour aller vers une plus grande autonomie et qui, à terme, devaient poser la question de l’indépendance.
Une mascarade de référendum
Malgré tous les obstacles mis par l’État français et ses suppôts sur place pour réduire le plus possible le vote de la population kanak, la volonté d’indépendance n’a fait que progresser entre le premier référendum en 2018 et le deuxième référendum en 2020, dont les résultats très serrés ont fait craindre à l’impérialisme français une victoire probable des indépendantistes.
C’est pourquoi Macron a balayé avec mépris les demandes du FNLKS de repousser le référendum prévu en décembre 2021, alors que la crise sanitaire faisait rage, afin de pouvoir enterrer leurs morts du Covid selon la Coutume et préparer une vraie campagne électorale. Et bien sûr cette mascarade d’élection, à laquelle tous les partis indépendantistes avaient appelé à ne pas participer, a donné une majorité écrasante au non à l’indépendance. Un référendum volé au peuple kanak, qui en réclame l’invalidation y compris devant les institutions internationales, et sur lequel aujourd’hui Macron, Darmanin et la droite locale veulent s’appuyer pour étouffer toute velléité indépendantiste.
Seule la lutte des peuples colonisés et la solidarité internationale auront raison de la rapacité de l’impérialisme. État français, bas les pattes devant la Kanaky !
Pour aller plus loin, lire le communiqué du comité Solidarité Kanaky : Peuple kanak en danger : NON au dégel du corps électoral ! - Survie