Publié le Samedi 28 février 2009 à 11h00.

Un coup de com' sur la PAC

Le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, a annoncé les aménagements français concernant la réforme de la Politique agricole commune (PAC).

Les propositions ne sont que des ajustements techniques : elles n'infléchissent en aucune façon le contenu politique de la PAC. La politique agricole de la France sert les profits de l'agro-alimentaire : Michel Barnier a toujours défendu le camp des agrimanagers et des puissants. C'est en tant que ministre-candidat, tête de liste UMP aux élections européennes en Île-de-France, que son plan de com' sur la PAC a été médiatisé.

Les aides publiques agricoles apparaissent de moins en moins légitimes pour une majeure partie de la population, et injustes pour la plupart des producteurs, puisqu'elles enrichissent les grosses structures spéculatives aux dépens des fermes respectant l'être humain et l'environnement. Il est grand temps qu'il y ait une véritable répartition des financements publics à l'agriculture sous le contrôle de l'ensemble des producteurs et de la population. «Barnier redistribue 1 milliard d'aides aux éleveurs, aux dépens des grands céréaliers», peut-on lire dans les colonnes du Figaro, pour faire croire que le ministre a fait preuve de courage politique.

Dans le détail, les petites avancées sur la PAC ont été arrachées par les mobilisations répétées des paysans se battant pour le « droit à un revenu pour tous ». Ils ont acquis la bonification des aides sur les « 50 premiers hectares d'herbe », ainsi qu'une revalorisation sur les 25 premiers hectares en zones difficiles (zones de montagne, zones sèches, etc.). Ce n'est pas un geste du ministre, mais la réussite des actions menées par les petits producteurs (souvent peu médiatisées) qui a permis d’établir un rapport de force avec le gouvernement. Ces décisions restent injustes et illégitimes : les gros céréaliers, faisant mine de lâcher un peu de lest, resteront les grands bénéficiaires des aides publiques. De plus, ils se verront attribuer une assurance récolte, afin de se protéger des aléas climatiques, que seuls les plus riches pourront payer (il existait auparavant un fonds de calamités agricoles publique qui bénéficiait à tous les exploitants, avant d’être supprimé par la Commission européenne).

Ensuite, une part de la redistribution est prise sur l'élevage : pour les éleveurs en bovins viande, par exemple, l'opération est quasi nulle. Enfin et surtout, au-delà des aides publiques, aucune mesure de fond n'a été prise, comme la régulation ou la répartition des productions pour mettre un frein à la seule « loi du marché ». Cette politique escroque les petits producteurs en tirant les prix vers le bas, exploite les salariés avec toujours plus de compétitivité, « rackette » la population avec l'envolée des prix des produits de première nécessité et engraisse les actionnaires de l'agroalimentaire.

Un véritable plan d'urgence démocratique pour sauver les paysans des pays du Nord et du Sud est plus que nécessaire. Il doit s'attaquer aux multinationales qui parasitent nos sociétés, et il doit mettre en œuvre le principe de souveraineté alimentaire, pour que tous les travailleurs de la terre, ici comme ailleurs, puissent enfin vivre de leur travail. Ces prises de position du ministre cherchent à contenir la forte exaspération qui monte des campagnes. Une fois ces mesures adoptées, il n’est pas sûr que les paysans et l'ensemble de la population continueront à se faire traire, plumer, saigner et voler!