Publié le Jeudi 7 juin 2018 à 11h22.

Retour à Bollène

Film franco-marocain de Saïd Hamich.

Il est des films trop longs. Le premier film réalisé par Saïd Hamich est court (1 h 07) et d’une grande densité. Nassim revient à Bollène (Vaucluse), sa ville natale, avec sa compagne américaine à l’occasion des fiançailles de sa sœur. Il a quitté Bollène il y a des années ; il vit désormais et travaille à Abu Dhabi. Nassim a « réussi » alors que sa famille, d’origine marocaine, et ceux dont il a été proche, survivent dans une cité, sans guère d’espoir. Le père n’apparaîtra qu’à la fin ; d’ailleurs, Nassim ne veut pas le voir. La mère est le pilier de la famille.

Étranger à sa ville

Nassim se retrouve face à un monde qui n’est plus le sien. La cité se déglingue, délaissée par la municipalité qui a supprimé les cours d’apprentissage du français. La ville est en effet désormais gérée par la Ligue du Sud, et son ancien professeur d’histoire, auquel il était très attaché, s’y est rallié, passant du PC à une extrême droite « pire que le Front national ». En présence de la mère, les jeunes respectent les traditions et ne boivent pas d’alcool. Mais les leçons de morale de Nassim (il faut travailler à l’école, ne pas faire de « conneries ») tombent à plat.

Nassim est devenu étranger à sa ville, comme à sa famille qu’il aime pourtant profondément. Ce voyage qu’il a voulu faire avec sa compagne mine sa relation avec elle. Il est celui qui est parti ; tout le monde le lui dit : son frère comme son ancien prof.

Malgré sa brièveté, le film aborde un grand nombre de questions : l’ascension sociale et l’éloignement géographique qui coupent Nassim des siens, la situation des jeunes des cités, le poids de la tradition, la montée de l’extrême droite…

Henri Wilno