Publié le Vendredi 2 octobre 2009 à 18h37.

Interview de Charles Piaget (par André Delorme) 

La lutte de LIP vient de loin ?

Contrairement à certaines idées reçues, la lutte n'a jamais été de facile et en particulier pendant la période gaulliste (1958-1969) avec une police héritée de la guerre d'Algérie et un pouvoir qui répond par la répression et le lock-out.

Dirais-tu que 68 est le tournant ?

Oui 68 a été la redécouverte du Collectif et de sa puissance après six semaines de manif et de  réunions où des liens se sont créés et des méthodes nouvelles de lutte sont apparues.

Une autre rupture est la crise de 1974 ?

C'est la montée du chômage de masse, des fermetures d'entreprises avec un approfondissement en 1975. C'est alors le refus de la fatalité face à la résignation ambiante. Il faut prendre son destin en main et c'est « non aux licenciements et aux fermetures ».

Comment se construit la riposte ?

Il faut d'abord construire l'unité des salariés, prendre le temps de débattre, de s'informer, d'envisager les alternatives et convaincre le plus grand nombre pour que la lutte appartienne à chacune et à chacun. Souveraineté de l'assemblée générale pour libérer l'imagination et les énergies.

Dirais-tu que cela a permis d'inventer de nouvelles formes de luttes ?

Oui l'assemblée des grévistes devient un intellectuel collectif. Le contrôle des cadences, la remise en marche de la production, le trésor de guerre, cela montre l'imagination des grévistes et de nouvelles pratiques.

LIP c'est aussi la coordination des luttes ?

Oui nous avons lancé l'idée qu'il fallait se coordonner et ne pas lutter entreprise par entreprise. Plusieurs rencontres ont eu lieu, très riches, avec les paysans du Larzac, avec des délégations de toute la France. Nous n'avons pas réussi pleinement, nous avons rencontré des réticences dans les grandes confédérations.

Et aujourd'hui en 2009 comment faire face à la crise du capitalisme ?

Nous devons comme à l'époque des LIPS ou de Caron Ozanne refuser la fatalité, intervenir, prendre en main nos affaires ; faire connaître des changements décisifs et possibles ; faire preuve d'initiative et de détermination face à un système brutal qui transforme tout en marchandise et mutile les êtres humains et la nature. Nous devons faire appliquer l'intérêt général de la population contre celui de quelques privilégiés.