Publié le Vendredi 8 janvier 2010 à 15h41.

Des mouvements sociaux pour la justice climatique (par Vincent Gay)

Les organisations qui militent pour la préservation du climat sont animées par des logiques différentes. Les plus récentes font le lien entre urgence écologique et urgence sociale.

Si les changements climatiques sont venus tout récemment s’inviter dans l’agenda politique des grands de ce monde, c’est aussi le cas du côté des mouvements sociaux, associations et syndicats.

De manière schématique, on peut distinguer deux grands blocs qui répondent à deux logiques différentes.

Le premier, plus ancien, est composé de grandes ONG environnementalistes, par exemple le World Wide Fund (WWF) ou Greenpeace. À l’échelle internationale, le Climate Action Network1 (réseau d’action pour le climat – CAN) regroupe la plupart des ONG de ce type. Très présentes dans les négociations internationales, elles conçoivent essentiellement leur action comme du lobbying auprès des dirigeants étatiques ou d’entreprises, en s’appuyant de façon ponctuelle sur des mobilisations réalisées par leurs salariés et militants, comme par exemple des pétitions en ligne ou des flash-mob. En France, le réseau Action Climat2 regroupe les ONG qui sont pour une partie d’entre elles à l’initiative de l’appel « Ultimatum Climatique ». Outre les aspects de lobbying et de proximité avec les institutions libérales, leur analyse de la situation met uniquement l’accent sur la gravité de la crise environnementale et l’urgence d’y répondre. Mais la dimension économique et sociale des problèmes posés par les changements climatiques est beaucoup moins présente, sinon dans leurs analyses, du moins dans leurs revendications et leurs projets d’ensemble. Ainsi, les conséquences de la finance carbone et du marché des droits à polluer ne font pas partie des cibles prioritaires, voire peuvent être soutenues, tout comme le principe d’une taxe carbone élevée. Pour résumer, de tels regroupements sont, soit par pragmatisme, soit par adhésion, acritiques à divers degrés face aux réponses capitalistes à la crise climatique et ne se situent pas dans l’optique de mobilisations populaires.

Le second bloc puise ses traditions, encore jeunes, dans l’histoire et la pensée des mouvements altermondialistes. Le réseau international Climate Justice Now3 (La justice climatique maintenant – CJN) regroupe ainsi plus de 160 organisations (Amis de la Terre International, Via Campesina, Focus on the Global South, Jubilée Sud…) et appelle à des mobilisations sociales face aux responsables des dérèglements climatiques. Ses orientations antilibérales s’articulent avec des objectifs de changements profonds du mode de production et de développement actuel. Le CJN dénonce les mécanismes marchands issus du protocole de Kyoto, qui connaissent un engouement de plus en plus important chez les chefs d’entreprise, et refusent que les fonds d’adaptation pour les pays pauvres soient gérés par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Par ailleurs, le souci d’associer aux mobilisations les peuples du Nord et du Sud, et parmi ces derniers les organisations des peuples indigènes notamment, est une constante. En Europe, de nombreuses coalitions ont vu le jour comme Climat et Justice Sociale4 en Belgique, la Campaign against Climate Change5 en Grande-Bretagne, ou le collectif Urgence Climatique Justice Sociale6 en France.

Les frontières entre ces deux blocs ne sont bien sûr pas étanches, des actions ponctuelles peuvent être organisées en commun, et des organisations peuvent être partie prenante de réseaux différents. Mais la logique de fond diffère, à la fois dans les pratiques et les orientations militantes, et dans les analyses et les objectifs politiques. Pour un parti des luttes tel que le NPA, il est bien entendu essentiel, à la fois de défendre ses propres orientations et la nécessité de réponses anti-capitalistes et antiproductivistes, mais également d’être actif dans les mobilisations et coalitions qui portent une critique des politiques libérales à l’œuvre aujourd’hui, afin de construire, tous et toutes ensemble, une réponse populaire, qui fasse de l’écologie une question sociale, face aux catastrophes causées par le système.

1.http://www.climatenetwork.org/

2.http://www.rac-f.org

3.http://climatejustice.blogspot.com/

4.http://www.climatetjusticesociale.be/spip.php?article47

5.http://www.campaigncc.org/

6.http://climatjustice.org/