Économiste et spécialiste de l’industrie en Russie, Cédric Durand apprécie la nouvelle crise économique à l’aune du désastre écologique. Il rappelle les origines du capitalisme en marxiste, mais sans exclure Keynes, explique sa dynamique avec des auteurs tels David Harvey, qui augure d’un nouveau communisme, ou Mickael Hardt. « Cette chasse passionnée » au profit est notamment revue par les analyses de l’historien Fernand Braudel, comparée à celles de Max Weber. Autant dire que c’est plutôt une analyse comparative qui est le fruit de ce travail où sont exposées les vues les plus pertinentes en matière économique, géographique et sociologique. L’auteur note le rôle toujours plus croissant de l’État alors que le discours politique s’engage à sa disparition de la sphère économique. La fameuse prime à la casse automobile, toujours renouvelée, y est notamment critiquée comme relance par l’argent du contribuable. On aurait pu y ajouter l’ensemble des dispositifs de subventions des régions aux entreprises. Si la période fordiste s’attachait à ce slogan « Retain and Reinvest », la logique néolibérale veut, elle, tout dégraisser, et pratique alors une sorte de suicide s’apparentant à un western permanent où l’adversaire est en même temps l’actionnaire et les autres firmes. Quant au salarié, il est réduit à néant. Un des points cruciaux de son analyse revient sur la production immatérielle : les savoirs et les brevets. Il voit là une fracture possible du capitalisme qui se trouve dans un paradoxe terrible : laisser libre cours à la marchandise mais ne pas pouvoir la contrôler pour en tirer profit, malgré bien des tentatives. Cédric Durand pronostique non pas un effondrement du type des années 1930 mais plutôt une stagnation comme celle que connaît le Japon depuis des années. Christophe Goby
Textuel, 144 pages, 9,90 euros