Publié le Mercredi 28 mars 2012 à 22h13.

La majorité du CPN derrière la campagne Poutou

Le Comité politique national se tenait le   week-end des 24 et 25 mars. Le premier CPN après l’obtention des parrainages permettant à la campagne du NPA à la présidentielle de pouvoir aller jusqu’au bout. Ce CPN avait un ordre du jour chargé : résolution politique sur la situation politique et la campagne, l’adoption d’une motion « finances »   pour codifier les rapports du NPA avec sa minorité, l’élection de la Commission nationale d’intervention féministe (Cnif) et la discussion autour des rythmes et formes de consultation des militants du NPA d’ici le congrès. Tout cela se faisant dans un contexte où trois dirigeant du parti avaient appelé à voter Mélenchon dans la semaine.

La Position A a soumis au vote une motion codifiant les rapports financiers avec la Gauche anticapitaliste. Il s’agit d’établir un règlement global avec des camarades qui sont à la fois dans et à l’extérieur du NPA. La motion finances présentée par la PA a été adoptée avec plus de 63 % pour, 35,5 % contre, moins de 1 % d’abstentions et presque 2 % refusant de prendre part au vote. Ce vote a justifié, aux yeux de la minorité, le fait de ne pas assister aux restes des votes du CPN.

Le samedi matin, le débat s’était engagé entre la GA et le reste du CPN sur l’analyse de la situation politique et des enjeux de construction autour de la campagne Poutou. Au cours du débat, la GA a mis en avant les aspects positifs de la campagne du Front de Gauche. La résolution politique sera finalement adoptée avec plus de 91 % des votes, aucune opposition et 8 % d’abstention.

Sur la nature et les rythmes de la consultation des militants du NPA. Une écrasante majorité (presque 88 % des votants) a défendu l’idée d’une échéance nationale intermédiaire en juillet avant le congrès national. Le débat résidait sur la nature de cette consultation. Une majorité de plus de 52 % a voté pour que ce soit une réunion nationale des comités suivie d’un CPN. Presque 34 % des camarades du CPN étaient contre et 14 % se sont abstenus sur ce vote.

Comme le permet notre parti, trois des positions qui se sont exprimées lors de ce CPN vont donner leur point de vue dans le cadre de tribunes.

Pedro Cine

Réussir notre campagne, faire vivre la démocratie

Ce CPN n’a pas été à la hauteur de ses responsabilités au regard des deux tâches essentielles : à la fois réussir notre campagne et faire vivre la démocratie pour permettre à toutes celles et ceux qui n’ont pas abdiqué du projet du NPA de se retrouver ensemble dans le respect des divergences et des conditions du débat démocratique. 

La résolution politique majoritaire a rassemblé autour de nos axes de campagne, intégrant à la fois le tournant que connaît la campagne à la suite des drames de Montauban et Toulouse et la dynamique que connaît le Front de Gauche. Cependant le débat s’est trop focalisé sur le Front de Gauche, la prise de position publique de trois dirigeants de la Gauche anticapitaliste à voter pour Mélenchon plutôt que de discuter de notre propre campagne. De même, nous sommes en retard dans la préparation des élections législatives.

Nous n’avons pas non plus réussi à définir un cadre de discussion permettant de répondre aux demandes des camarades de la Gauche anticapitaliste qui n’envisagent pas de quitter le NPA ainsi qu’aux besoins de l’ensemble des militants du parti : l’organisation d’une conférence nationale à l’issue des échéances électorales. La responsabilité principale en revient aux membres du CPN de la Gauche anticapitaliste qui ont décidé de quitter ce CPN avant même que ne s’engage la discussion, sans défendre leur position face à la proposition défendue par la P2 avec laquelle nous sommes, pour notre part, en désaccord. 

La motion que nous avons défendue pour la tenue de cette CN les 7 et 8 juillet et d’un congrès en fin d’année a été repoussée. Cette conférence est pourtant indispensable : - La situation sera profondément transformée au lendemain des élections et il sera nécessaire pour le NPA de la comprendre, d’y répondre, de prendre des initiatives sans attendre un congrès qui ne pourra avoir lieu qu’en fin d’année ;- D’un point de vue démocratique, les précédentes échéances décisionnelles du NPA (congrès de février 2011 et CN de juin 2011) ne donnaient pas de mandat pour agir dans cette situation nouvelle ; - Pour la survie du NPA qui dépend de notre capacité collective à gérer démocratiquement les désaccords. 

La motion de la P2 – adoptée alors que la GA avait quitté le CPN – prévoit une réunion nationale des comités non décisionnelle le samedi 7 juillet suivie d’un CPN le dimanche 8 juillet. Cela ne répond pas aux besoins. Si tout le monde convient de la nécessité de débattre dans les comités et de préparer une échéance interne début juillet, il est impératif que toutEs les militantEs puissent décider de l’orientation du NPA ainsi que des relations que nous voulons définir au sein du parti.

Nous comprenons bien que les dirigeants de la GA qui ont décidé d’appeler publiquement à voter Mélenchon ne voient plus l’utilité d’une CN. Il n’en est pas de même de la majorité des camarades qui se sont reconnus dans les positions de la GA. Celles et ceux qui veulent faire vivre le projet du NPA doivent pouvoir débattre et décider.

Les membres du CPN de la P1A

Stop ou encore ?

Nous venons de remporter une première victoire militante : 572 parrainages pour la campagne du NPA à la présidentielle. C’est un succès militant, de l’ensemble du parti, sur lequel le CPN aurait dû s’appuyer pour mettre au centre de ses débats la campagne Poutou et ses enjeux de construction. Au lieu de cela, ce sont les enjeux de direction et de courants qui ont dominé. 

La consigne de vote au second tour Pour nous, le vote Hollande au second tour, n’est pas mécanique. Nous avons défendu que la consigne de vote ne soit décidée qu’après le 1er tour à la lumière des évolutions de la campagne. C’est d’ailleurs ce choix qui avait été fait par la LCR en 2002 et 2007 : refuser de se laisser enfermer dans les débats sur le 2nd tour. Cette position a recueilli une large majorité au CPN.

La tenue d’une réunion nationale des comités suivie d’un CPNNous sommes dubitatifs sur le caractère réellement démocratique d’une conférence nationale décisionnelle les 7 et 8 juillet. Les délais étant très courts entre la fin des législatives et cette CN. Nous partagions sur ce point l’avis de plusieurs camarades de la P1A. Le NPA a besoin de débattre et de tirer le bilan de sa campagne, faire le point sur son projet mais sans avoir à se positionner sur tel ou tel courant, en définitive en s’extrayant des enjeux de direction. La réunion nationale des comités décidée doit être une première étape jusqu’au congrès. Une résolution partant de la politique menée en commun au cours de la campagne électorale, qui se positionnerait en opposition à toutes les politiques d’austérité et avec pour objectif d’organiser le combat le plus large possible serait à même de regrouper largement le parti. Cette consultation sera suivie d’un CPN dont la réunion nationale des comités servira de boussole, pour lancer définitivement le congrès avant la fin 2012. 

Les rapports avec la Gauche anticapitalisteUne partie des dirigeants de la GA, dont l’ancienne porte-parole, appelle à voter pour Mélenchon et ce choix a été défendu par presque l’intégralité des membres GA du CPN. Certains de leurs dirigeants n’ont pas respecté le mandat du CPN au comité de suivi de la LCR, nous avons fait le choix, avec la PA, de proposer une solution globale pour sortir de la crise sans attendre le congrès. Mais dès le lundi soir plusieurs membres du CE P1A ont refusé de suivre le mandat donné par le CPN sur les questions de trésorerie. Ce qui ne change rien au fait que, dans un souci d’unité du parti, nous proposions que les camarades de la GA qui ne partiront pas au Front de gauche soient représentés, jusqu’au congrès, dans toutes les instances à hauteur de ce que pèse leur courant.

Stop ou encore ? Notre choix : prendre appui sur la campagne pour relancer le projet et la construction du NPA lors de la réunion nationale et du prochain congrès. Vouloir refermer la parenthèse de la PA comme le disent des camarades de la P1A du CE, c’est ouvrir un nouveau cycle de crise. Nous ne le voulons pas, et tenterons de l’empêcher en défendant un projet qui intègre tous ceux qui ont mené la campagne du NPA et cela dès juillet si nécessaire. 

Mathilde, Armelle, Marie-Hélène, Jean-François, Jean-Baptiste, Antoine, Gaël (membres du CE de la P2).

L’escalade

CPN des 24 et 25 mars : l’appel à la justice, le meilleur des traditions !

Où nous avons découvert, stupéfaits, qu’Alain Krivine (président de la LCR) et Olivier Besancenot (président du NPA) avaient lancé une procédure en justice (un référé) contre la GA dans l’objectif d’annuler les virements décidés lors du dernier comité de suivi de la LCR. Les accusations sont lourdes : « détournement de l’aide publique, fraude à la loi »..

Ainsi, pour la première fois dans la vie du NPA, des désaccords politiques seraient réglés devant la justice ! Cela créerait un précédent que nous ne saurions accepter. Cette démarche constitue selon nous un élément politique nouveau dans le type de rapport que la GA entretient avec la direction du NPA. Cela crée aussi un rapport nouveau entre chacunE des militantEs du parti (membre de la GA ou non) et sa direction. En effet, cette démarche peut avoir des conséquences directes sur les individus, au-delà des collectifs militants, au-delà des orientations politiques.

Notre réponse à cette procédure a été d’apaiser les choses comme le montre notre motion qui proposait d’annuler les virements et la procédure judiciaire pour une sortie de crise par la négociation.

La majorité dans sa globalité a préféré répondre en justifiant la procédure a posteriori : en proposant à la GA une motion dite des « 200 000 euros pour solde de tout compte ». Comment interpréter ce geste quand il s’appuie sur une menace de procédure judiciaire ? Comment le lire politiquement dans une période de si grande tension ? Nous sommes certains que chacun saura décoder le sens de cette motion.

L’intégralité de la délégation de la GA au CPN a décidé de quitter le CPN après le vote quasi unanime de cette motion par la majorité.

La manière dont la majorité a décidé de traiter la crise au sein du parti a eu pour conséquence une « expulsion » de la politique. Ainsi, la question des législatives et du profil nécessaire à adopter est passé au second plan, laissant libre court à une continuité politique entre la présidentielle et les législatives. Nous pensons que cette continuité constitue une erreur politique pour quiconque souhaite regarder la situation politique telle qu’elle est.

De ce point de vue, la non-consigne de vote pour le second tour, assortie d’un profil de campagne qui critique quasi symétriquement Hollande et Sarkozy alors qu’il existe dans le pays une aspiration profonde à chasser le sortant, relève d’une faute politique d’ampleur, qui est malheureusement cohérente avec l’orientation isolationniste que le NPA développe depuis un an.

Dans ces conditions, il était impossible pour nous de rester pour le débat sur la conférence nationale. Imagine-t-on que puisse se tenir une telle échéance sur fond de procédure judiciaire entre la majorité et la minorité du parti ?

Pour autant, une conférence nationale décisionnelle fin juin pour discuter une réorientation radicale du parti reste une impérieuse nécessité et la décision de la ramener à une rencontre entre militantEs sans pouvoir de décision, la veille d’un CPN en juillet ne saurait faire le compte. Ainsi, la majorité de direction prive les militants du débat nécessaire de réorientation pour maintenir coûte que coûte son orientation suicidaire, au risque de l’éclatement du NPA !

La GA poursuivra sa bataille pour obtenir une vraie CN décisionnelle où elle soumettra ses choix aux militantEs du NPA. 

Gauche anticapitaliste