Le Conseil politique national des 16 et 17 avril a mis au centre de ses discussions le mouvement contre la loi travail et notre intervention en son sein. Une résolution politique a été adoptée à une très large majorité, plus de 80 %.
Elle prend en compte la « nouvelle situation, marquée fondamentalement par la combinaison de deux facteurs : renouveau des luttes sociales (jeunes dans les universités et les lycées, salariéEs dans les entreprises, mouvement Nuit debout) et rupture de masse avec le gouvernement et le Parti socialiste». Avec l’attaque de trop qui « a fini par cristalliser un ras-le-bol généralisé contre la politique du gouvernement, et plus en général contre la dégradation des conditions de travail et de vie depuis le début de la crise capitaliste en 2008 ».
C’est bien cette explosion du mécontentement qui explique le succès de la pétition qui a imposé le mot d’ordre du retrait de la loi El Khomri et la journée d’action du 9 mars, à l’initiative des jeunes et des réseaux sociaux. La routine des directions syndicales a été bousculée sans pour autant réussir à imposer un plan de lutte sortant du cadre des journées saute-mouton. « Aussi le cadre national intersyndical CGT/FO/Solidaires/FSU, même s’il est centré sur le retrait ne donne pas un cadre mobilisateur au mouvement. »
Ce contexte explique, pour une part, que la mobilisation dans la jeunesse soit restée, malgré la participation de certaines équipes syndicales aux journées du 17 et 24 mars, minoritaire. à cela s’ajoute une répression policière demeurée sans réponse.
Rupture avec le gouvernement et le PS
« L’élément le plus dynamique dans la situation est qu’elle cristallise l’émergence d’un processus de rupture à une échelle de masse et sur la gauche avec le Parti socialiste. » Nous sommes ainsi face à une contradiction « d’un côté il y a un rejet massif de la loi et plus largement de la politique du gouvernement. De l’autre la confiance des travailleurs et des jeunes en leur capacité de gagner ne semble pas encore être au rendez-vous ».
C’est cette contradiction qui donne sa place au phénomène Nuit debout, en tant qu’expression diffuse d’une volonté d’aller plus loin que ce que proposent les directions syndicales, posant aussi la dimension politique du mouvement. Nous y participons activement en y menant à l’intérieur une politique. Celle-ci passe par le fait de pousser à ce que les places deviennent un levier pour la convergence des luttes, « de proposer des actions (manifestations en solidarité avec les migrantEs et les cheminotEs, les actions prévues pour ce samedi 23 avril...), mais aussi de prendre part aux débats tels qu’ils ont lieu en y soumettant notre point de vue anticapitaliste et révolutionnaire ».
Lutte collective et politisation
« Le mouvement dans son ensemble réhabilite l’idée de la lutte collective et crée une politisation dans une fraction non négligeable de la jeunesse et du monde du travail. Cela ouvre un espace pour l’intervention des révolutionnaires, pour y défendre nos idées sur une société débarrassée de toute forme d’exploitation et d’oppression, mais aussi sur les moyens d’y arriver. »
Nous défendons l’idée d’une grève générale politique, d’un « Mai 68 qui aille jusqu’au bout », seul capable d’inverser le rapport de forces, en nous appuyant sur la prise de conscience de la nécessité de sortir du cadre institutionnel.
Un joli mois de mai ?
La résolution poursuit : « Le mois de mai ouvrira très probablement un deuxième round pour le mouvement à partir de la journée de grève appelée pour le 28 avril et au moment du débat et du vote de la loi au parlement. Nous devons nous donner comme perspective un affrontement prolongé après le 28 avril, de toutes les formes possibles. »
Le mouvement est aussi pour nous toutes et tous l’occasion d’apprendre à combiner une intervention, une politique de parti, avec le mouvement réel, sans plaquer ni mot d’ordre ni étiquette, en prenant toute notre place dans les débats tels qu’ils se mènent.
La nouvelle situation ouvre de grandes possibilités. « Le redéploiement et redéveloppement des comités, secteurs d’intervention du NPA est à l’ordre du jour. Placée au service des mobilisations, du mouvement qui émerge, la candidature de Philippe Poutou à l’élection présidentielle servira simultanément nos tâches de construction ».
Était d’ailleurs aussi à l’ordre du jour la question de la recherche des parrainages d’éluEs…
Yvan Lemaitre