Jean-Marie – dit Jourdan, Juan quand il franchissait les Pyrénées – vient de nous quitter. Jean-Marie le fidèle, à ses idées, les idées révolutionnaires, et à son amour, Agnès, l’amour de sa vie.
Jean-Marie détestait les phraseurs, les prétentieux, les « fous d’eux-mêmes » comme il disait. Il en était tellement le contraire ! D’une pièce, d’un bloc, sous sa cuirasse de lutteur, quelle générosité, quelles réserves d’affection, de sensibilité pour ses proches qu’il aimait et toutes celles et ceux pour qui et avec qui il se battait !
Il a lutté pour l’émancipation de l’humanité, d’abord au sein de Lutte ouvrière pendant plus d’un quart de siècle, à Bordeaux, dans toute la région, sur le plan national, et dans l’État espagnol à partir de 1986. De Mieres à Madrid en passant par Seville et Barcelone, il y aide à construire des noyaux militants révolutionnaires. En 1997, il est exclu de LO avec ses camarades d’Aquitaine, de Normandie et de l’État espagnol pour avoir voulu rendre possible et effective la perspective d’un « Parti des travailleurs » que Lutte ouvrière avait évoquée, puis abandonnée. Il devient alors un des principaux animateurEs de la tendance « Voix des travailleurs », avant son entrée dans la LCR en juin 2000. Membre de la direction nationale de la LCR, il milite pour l’ouverture à l’ensemble des luttes du monde du travail, y combattant les tentations sectaires et les fonctionnements fractionnels. La continuité d’un combat pour maintenir le cap révolutionnaire dans une vision large, vivante et démocratique.
Jean-Marie était réellement comme « un poisson dans l’eau » dans les luttes. Ainsi lors de la grande grève de 2003 sur les retraites, militant aussi à la CGT Éduc’action de Gironde, il a joué un rôle fondamental dans la grève reconductible, animant un bulletin quotidien de la lutte, En colère ! En 2001, il est élu conseiller municipal LCR à Saint-Médard-en-Jalles. Assumant son mandat comme une lutte, il s’affronte au sein du conseil municipal à la majorité PS, mais surtout il se bat partout aux côtés des habitantEs des quartiers populaires.
Pour ses camarades, pour les travailleurEs avec qui il luttait, Jean-Marie était un moteur : précieux pour son énergie, pour son dévouement absolu, pour sa capacité à se lier sans concession avec les gens, les travailleurs, et à défendre avec talent les idées et les exigences de l’action. Quand Jean-Marie prenait la parole dans une assemblée ou une réunion, on pouvait être sûr qu’il allait droit au but, qu’il ferait « bouger les lignes », émouvoir. Que ce soit pour convaincre ou, comme il disait, pour « ouvrir la boîte à gifles »...
Jean-Marie a bénéficié longtemps d’une grande chance dans sa vie : Agnès, son amour, sa force. Quand Agnès (qui a aussi été membre de la direction nationale de la LCR) nous a quittés en janvier 2007, Jean-Marie a continué à se battre. Mais peu à peu, ce vide immense qu’il ressentait l’a englouti. Dans un combat désespérant contre les difficultés que cette chienne de vie accumulait sur lui, comme un joueur de rugby sonné, Jean-Marie s’est accroché « pour rester dans le match » pendant 12 ans. Il a perdu. Nous l’avons perdu, et toutes nos pensées vont à David et à la famille d’Agnès, la famille de cœur de Jean-Marie. Mais plus que jamais, il continue à nous inspirer. Hasta siempre « Chiko » !
Ses camarades et amiEs