Publié le Mardi 14 juillet 2020 à 18h40.

Deux soignants sanctionnés au Rouvray !

Le Centre hospitalier du Rouvray, symbole de la mobilisation contre la destruction des soins psychiatriques en France, est la théâtre d’une politique répressive contre les personnels mobilisés. Deux soignants viennent ainsi d’être sanctionnés pour avoir « osé » dénoncer les consignes absurdes de la direction de l’hôpital.

Il y a deux ans, les personnels du Centre hospitalier du Rouvray avaient mené une grève de deux mois et demi suivie d’une grève de la fin de sept soignantEs qui a duré 18 jours. Grâce à la mobilisation du personnel et des usagerEs, parents et proches de patients regroupés dans un comité de soutien, un protocole de fin de conflit était adopté, prévoyant la création de 30 postes supplémentaires et la concrétisation de projets dont un service pour adolescents (ceux-ci étant alors hospitalisés dans des services adultes).

Menaces, intimidations, sanctions

Arrivé en janvier 2019, le nouveau directeur n'a cessé de tergiverser sur l'application du protocole, pour finalement expliquer que les difficultés actuelles (rengaine connue) relèvent avant tout d’un « problème d’organisation » et non d'un « renforcement des effectifs ». En octobre 2019 une nouvelle mobilisation exigeait l’application du protocole. La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan avait clairement dénoncé l’état catastrophique des conditions d’hospitalisation et de soins au Rouvray donnant raison aux soignantEs.

À la sortie du confinement, la direction met le feu au poudre en menaçant de sanctions neuf soignants (grévistes de la faim en 2018). Le prétexte est d’avoir diffusé sur les réseaux sociaux une note absurde de la direction durant l’épidémie, qui demandait au personnel de laver et réutiliser les masques chirurgicaux à usage unique. Deux d’entre eux étaient menacés d’une exclusion de trois mois à deux ans sans salaire. Ils sont passés en conseils de discipline auxquels le Directeur n’a pas daigné assister. À chaque conseil, les soutiens étaient nombreux. Finalement, la sanction est tombée pour les deux : 10 jours de suspension sans salaire et cinq jours en sursis qui seront appliqués s’il y a récidive. Certes, les sanctions sont moins lourdes que prévu mais elles restent inacceptables. S’il y a faute, c’est la direction qui l’a commise.

Il est évident que ces poursuites sont une tentative de museler le personnel combatif. Mais ce ne sont pas ces intimidations qui empêcheront les soignantEs du Rouvray de lutter contre l’incurie des directions et la casse organisée de la psychiatrie publique. Après cette crise sanitaire et l’augmentation des demandes de soins psychiques, plus que jamais il est indispensable que tous les moyens humains et matériels nécessaires soient mis en place. On ne peut pas laisser des managers technocrates décider de tout et sanctionner en toute impunité.