Publié le Mercredi 29 juillet 2020 à 23h54.

La France en expos

Attention ! Pensez au masques et aux mesures de protection… Une sélection réalisée par Philippe Cyroulnik. 

Nord et Nord-Ouest

Lens

Soleil noirs (jusqu’au 21 janvier 2021). Louvre Lens, 99, rue Paul-Bert, 62300 Lens. Ouvert ous les jours sauf le mardi, de 10 h à 18 h (dernier accès et fermeture des caisses à 17 h 15).

Une exposition importante d’œuvres et documents allant du 18e siècle à notre époque. Nous reviendront plus en détail à son propos. Tout en étant très riche au plan iconographique, elle n’est pas sans poser problème quant au choix des œuvres exposées. Il y a des absences carrément incompréhensibles. Tout cela témoigne de critères de sélection qui n’ont pas toujours la pertinence et la rigueur affichée. Il n’empêche qu’il faut aller la voir du fait de sa richesse et la qualité de nombre d’œuvres exposées. Nous y reviendrons. 

Caen

La Libération de la peinture : 1945-1962 (jusqu’à janvier 2021). Mémorial de Caen, esplanade du Général Eisenhower, 14050 Caen. Horaires : 9 h-19 h (vérifier suivant les mois). 

Une exposition ambitieuse mais dont l’ampleur chronologique aggrave des manques importants. Le titre est trompeur parce qu’il suggère une dimension anthologique tout en prétendant ne pas s’arrêter à une opposition formelle figuration /abstraction, il n’y a aucun artists figuratif dont pourtant certains ont aussi « libéré » la peinture. Le fait qu’il s’agisse d’une collection privée explique ces absences et les faiblesses graves de l’exposition comme l’absence quasi totale de femmes. Même en ne s’en tenant qu’au « européennes », quid de Loubchansky, Fievre ou Reigl ? On peut quand même s’interroger sur une telle situation. La fondation Granadure serait-elle un repaire de vieux machistes ? Sans compter des absences aussi importantes du côté des hommes : Jean Messagier, Christian Dotremont, Bryen ou G. Wolman. Tout cela limite sérieusement l’exposition, même si la qualité des œuvres exposées est indéniable. Cela aurait été mieux de le signaler.

« Ode au peuple du travail » (jusqu’au 20 novembre).
Musée des Beaux-Arts

D’Edgar Degas à Maximilien Luce, de Camille Pissaro à Georges Dufy, la condition ouvrière à l’époque du développement du capitalisme industriel. Entre violence subie et rêves d’émancipation à travers les regards d’artistes du post impressionnisme et du réalisme.

Perche-en-Nocé (Orne)

Pierre Tual, un parcours (jusqu’au 20 septembre).
Art Culture & Co, 11, rue de Courboyer, contact et infos : 06 80 68 25 40.

Une sélection d’œuvres de Pierre Tual, un des grands sculpteurs français

– Jardin François, Préaux-du-Perche. Tous les jours de 10 h au coucher du soleil (jours fériés inclus). Entrée payante. 

– Manoir de Lormarin, Nocé. Jeudi-dimanche de 14 h à 19 h (jours fériés inclus). Entrée libre.

– Moulin Blanchard, Nocé. Jeudi-dimanche de 14 h à 18 h 30 (jours fériés inclus). Entrée libre.

Ouest et Sud-Ouest

Pontivy et environs

L’Art dans les chapelles
Juillet et août : tous les jours sauf le mardi 14 h-19 h ; 1er-20 septembre : samedi et dimanche 14 h-19 h. Entrée libre et gratuite.
Point d’accueil infos (dépliant/carte des circuits), Les Bains Douches, 11 quai de Presbourg à Pontivy, 13 h 30-18 h 30.

Une proposition d’Éric Suchère pour la saison 2020. 14 artistes à découvrir dans 14 chapelles. Une prédilection personnelle pour Katinka Bock (Chapelle Saint-Adrien, Saint-Barthélemy), Jennifer Caubet (Chapelle Saint-­Nicolas-des-Eaux, Pluméliau), Corinne Choticky (Chapelle Saint-Jean, Le Sourn), Mountain Cutters (Chapelle Saint-Meldéoc, Guern), Erik Samakh (Chapelle de la Sainte Trinité, Domaine de Kerguéhennec, Bignan) et Mengzhi Zheng (Chapelle de La Trinité, Cléguérec). 

Mais allez découvrir les œuvres de Patrice Balvay, Thierry Fournier, Michel Mazzoni, Bernard Pourrière, David Semper, Maxime Thieffine, Claire Trottignon et Sofi Zezmer.

Domaine de Kerguehennec, 56500 Bignan. Tel 02 97 60 31 84.
Attention ! Les espaces d’exposition sont accessibles sur réservation.

L’entrée est gratuite, les visites sont accompagnées d’un médiateur et la présentation est suivie d’une visite libre (durée : 40 min). Il faut être motorisé pour s’y rendre.

Cathryn Boch : un ensemble d’œuvres réalisées in situ. L’artiste travaille à partir de cartes routières, vues aériennes, relevés topographiques, qu’elle redessine et qu’elle coud. Anne-Lise Broyer : une série de photographies, dont certaines retravaillées par l’artiste à la mine graphite, rend compte d’une expérience du paysage. Erik Samakh (Chapelle de la Trinité) « aime beaucoup cette idée de cultiver les ronces, par nature indomptables, qui partiront de la chapelle pour envahir le monde ».

Saint-Nazaire

Edith Dekindt, The Black, The White, The Blue (jusqu’au 30 août).
Le Grand Café, place des 4 z’horloges. Du mardi au dimanche de 11 h à 19 h. Entrée libre. 

« Toujours portée par ses intuitions, part d’objets quotidiens et capte des moments de vie qu’elle révèle à travers des expérimentations rudimentaires et sensibles. » Une artiste belge de tout premier plan par la qualité et la force poétique de son œuvre.

Bordeaux

Irma Blank (jusqu’au 31 octobre, entrée gratuite jusqu’au 30 août).
CAPC, 7, rue Ferrère, 33000 Bordeaux. Ouverture 11 h-18 h.

Une œuvre en partie biographique construite sur l’expérience de l’écriture dessinée, dégagée du mot et de sa signification.

Le Cours des choses
(jusqu’au 18 août, entrée gratuite).
CAPC, 7, rue Ferrère, 33000 Bordeaux. Ouverture 11 h-18 h.

Sélection de films et vidéos d’artistes dont les œuvres peuvent être réinterprétées à l’aune de la crise sanitaire actuelle avec Absalon, John Baldessari, Sylvie Blocher, Marie Cool &Fabio Balducci, Pauline Curnier Jardin, Peter Fischli & David Weiss, Lola Gonzàlez, Rebecca Horn, Jonas Mekas, Bruce Nauman, Julien Prévieux, Lili Reynaud-­Dewar et plein d’autres.

Les Sables-d’Olonne

Henri Cueco (jusqu’au 20 septembre).
Musée de l’Abbaye Sainte-Croix. Du mardi au dimanche de 11 h à 13 h et de 14 h à 18 h.

Entre l’allégorie de l’émancipation et les paysages de l’aliénation, un réalisme distancié, un jeu de la métaphore à travers la pratique d’un art du paysage urbain et rural et de la nature morte. L’exposition se concentre sur les années 60 de l’artiste. L’occasion de faire le point sur l’œuvre de cet artiste disparu il y a quelques années.

Sud et Sud-Ouest

Rodez

Femmes années 50. Au fil de l’abstraction, peinture et sculpture (jusqu’au 31 octobre).
Musée Soulages
Toute l’année : du mardi au vendredi 10 h-13 h et 14 h-18 h ; samedi & dimanche 10 h-18 h. Juillet et août : du lundi au dimanche 10 h-18 h. 

Il s’agit une tentative très intéressante de faire connaître ou redécouvrir « l’autre moitié » de l’abstraction française des années cinquante à travers une déambulation parmi les femmes de l’abstraction. L’éventail couvre les développements multiples de l’abstraction géométrique, l’abstraction gestuelle et lyrique à l’expressionnisme abstrait, et à des recherches plus matiéristes, voire campant à la lisière de la figuration. L’exposition permet de voir des artistes très injustement absentes des cimaises de nos institutions muséales. C’est un panorama assez complet à travers une quarantaine d’artistes ; les très connues Pierrette Bloch, Sonia Delaunay, Joan Mitchell, Shirley Jaffe ou Vieira da Silva, d’autres qui mériteraient de l’être plus comme Geneviève Asse, Vera Molnar, Aurélie Nemour, Marcelle Loubchanski, Marta Pan ou Alicia Penalba qui, bien qu’ayant une œuvre d’une très grande tenue, n’ont pas la notoriété qu’elles mériteraient. On peut redécouvrir la subtile Shirley Goldfarb et la très belle artiste qu’était Isabelle Waldberg, avoir de très belles surprises (Jacqueline Pawloski et Claire Falkenstein), mais aussi regretter l’absence de Claude de Soria et Yolande Fièvre qui auraient largement dû y être incluses.

Œuvres sur toile et papier de Pierre Soulages, 1945-2019 
Exposition permanente au musée Soulages.  

Un parcours assez complet de cette figure importante de l’art abstrait.

Montpellier

L’Amazonie dans la collection Petitgas (jusqu’au 20 septembre).
MOCO Hôtel des collections, 13, rue de la République, 34000 Montpellier. Juin-juillet-août : de 12 h à 21 h. De septembre à mai : de 12 h à 19 h.

On peut d’emblée s’interroger sur la pertinence d’une politique d’exposition fondée uniquement sur des collections et craindre que ce « concept » aussi vide qu’un slogan publicitaire ne réduise la politique d’exposition du MOCO à une muséologie « relationnelle » où partis-pris historiques, thématiques et rigueur se dissolvent dans des choix relevant du goût personnel, d’effets de mode et des signes de distinction. C’est une des illustrations de la politique de l’art contemporain à l’ère de la privatisation généralisée de l’art qu’on peut voir à Montpellier. L’exposition navigue entre trois thématiques qui, bien sûr, compte tenu des lacunes des choix et éventuellement de la collection, sont chacune tellement partielles qu’elles en perdent une bonne part de leur légitimité. Dans deux cas (Gamarra et Perez), on attribue de manière frauduleuse des propos très douteux sur les articulations entre art et politique à des artistes dont le travail signifie tout à fait autre chose, voire le contraire. C’est d’autant plus regrettable que l’on peut y trouver quelques excellents artistes même quand les commentaires qui les accompagnent sont parfois indigents. Le catalogue contient au moins un texte à la fois modeste et rigoureux écrit par Kiki Mazzuchelli. Alors en étant unE visiteurE attentif et critique, allez donc voir cette exposition pour les œuvres d’Andular, Baraya, Baltar, Caceyro, Da Cunha, Etcheverri, Gamarra, Geiger, Macia, Mhilazaes, Neuenschwander, Perez, Serpa, Soares ou Verzutti.

Grand Est

Franche-Comté

Art en chapelles

Une ballade en art contemporain à travers des étapes du patrimoine religieux franc-comtois.

Julie Morel (église Notre-Dame-de-l’Assomption, Chaffois) ; Bob Gramsma- Sébastien Strahm (chapelle de l’Étang, chapelle Saint-Roch de Cessay à Frasnes) ; Charles Dreyfus, Pierre Tatu, A.V. Jansen (chapelle Saint-Antide, Petite-Chaux) ; Line Marquis (église de la Présentation, Gellin) ; Pascal Broccholici (église Saint-Pierre, La-Cluse-et-Mijoux) ; Jingfang Hao & Lingjie Wang (église Sainte-Anne, Remoray-Boujeons) ; P.Y. Freund (église Saint-Jean-Baptiste, Rochejean) ; Elisabeth. S. Clark (église Saint-Antoine, Saint-Antoine) ; Sarkis (église Saint-Point, Saint-Point-Lac). 

Metz

Centre Pompidou-Metz. 10 h-18 h la semaine, 10 h-19 h le week-end, fermé le mardi.

Un programme qu’on a envie de découvrir tant il donne envie de voir ses promesses de plus près :

Des mondes construits,
choix de sculptures du MNAM (jusqu’au 23 août).

Dès le début du 20e siècle, une grande partie de la sculpture moderne s’inscrit en rupture avec la tradition, en choisissant la voie de l’abstraction. Il s’agit paradoxalement d’analyser le monde de façon plus objective et universelle : plutôt que de modeler la surface des choses, certains artistes comme les cubistes veulent en révéler l’organisation essentielle. 

Susanna Fritscher, Frémissement (jusqu’au 14 septembre).

L’artiste transforme en paysage imaginaire une des galeries suspendues entre terre et air.

Folklore (jusqu’au 4 octobre).

Des prémices de l’art moderne à l’art le plus actuel, cette exposition retrace ces relations, parfois ambigües, qu’entretiennent les artistes avec le folklore.

Giuseppe Penone, Indistincti confini (jusqu’au 21 janvier 2021)

Une installation inédite de l’artiste : le moulage en bronze d’un noyer haut d’une quinzaine de mètres, dont certains tronçons et ramifications seront de marbre blanc. La ramure de l’arbre et la charpente évasée du Centre Pompidou-Metz, dessinée par Shigeru Ban, entreront en résonance, partageant une structure proche, en ombrelle maillée. Croissance du végétal, fusion de l’alliage et concrétion de la pierre...

Paris 

Pour celles et ceux qui y restent ou qui y viennent…

Ulla von Brandenburg, Le Milieu est bleu (jusqu’au 9 septembre). Palais de Tokyo, 12 h-minuit.

Claudia Andujar, La Lutte Yanomami (jusqu’à fin septembre)
Fondation Cartier, 261 bd Raspail. Tous les jours sauf lundi 11 h-20 h.

Une grande photographe brésilienne qui, depuis les années 1970, a mis son art au service des communautés indiennes menacées par les grands trusts agro-alimentaires, ceux de la production intensive de canne à sucre et les politiques des responsables brésiliens.

Erwin Wurm photographies (jusqu’à fin août)Maison européenne de la Photographie, 5-7, rue de Fourcy, du mercredi au dimanche de 11 h à 20 h. 

L’artiste autrichien mêle sculpture, performances, vidéo, dessin et photographie, à travers laquelle il associe espièglerie et sens profond de l’absurde. Son travail interroge souvent avec ironie et cynisme notre relation au corps, plaçant fréquemment le spectateur dans une relation paradoxale avec les objets.

Sud-Est

Saint-Paul-De-Vence

Jacques Monory (jusqu’au 22 novembre). 
Fondation Maeght. Septembre-juin : 10 h-18 h ; juillet-août : 10 h-19 h. Navette à partir de Saint-Paul village (06 10 58 22 60).

Première retrospective depuis la mort de l’artiste qui fut une des grande figures de la figuration narrative mais qui va au-delà de l’assignation restrictive que ce label peut contenir. Il a longtemps limité sa palette au bleu d’une rêverie fictionnelle hantée par un sentiment de catastrophe. Le bleu, comme plus tard son jaune factice et son rose blafard, accuse un univers où le réel devient une scène de crime ou un lieu hanté par les tragédies singulières et collectives de notre histoire ; où les décors de rêve virent au blafard d’un paysage funéraire. Monory assumait pleinement la structure narrative de sa peinture. Mais il en suspendait la dynamique pour en augmenter l’intensité. Il procédait par montage, association et collision d’images, s’appropriant certains procédés propres au montage cinématographique et au séquençage du roman policier. Il intégrait éléments de décor (miroir) et interventions à balles réelles, opérant une véritable déflagration de l’image... tout en faisant le choix d’une image sans compromis contre la joliesse picturale. Monory a su faire de la mélancolie l’outil subtil d’une perception désenchantée du monde, marier l’intime, l’auto­biographique et le collectif dans une œuvre qui constitue une séquence majeure de la peinture contemporaine. Par bien des aspects, elle est largement supérieure à nombre d’artistes consacrés du Pop’art ou des ses épigones post-modernes. À voir absolument en espérant que l’exposition soit à la hauteur de notre attente.

Nice

Sol Calero (jusqu’au 20 septembre).
Villa Arson, 25 avenue Stephen Liegeard. Ouvert tous les jours de 14 h à 18 h.

Une artiste vénézuélienne vivant à Berlin qui sort en force sur la scène de la movida internationale. À voir pour se faire une idée du travail.

Zora Mann, « Waganga, Guérisseurs d’âmes » (jusqu’au 20 septembre).
Villa Arson, 25 avenue Stephen Liegeard. Ouvert tous les jours de 14 h à 18 h.

La peinture de Zora Mann est faite de densité : multiples couleurs, formes répétées ou au contraire divergentes qui viennent se croiser ou se superposer dans des compositions souvent saturées de lignes ou de courbes. Si ses œuvres ne renvoient pas à l’abstraction géométrique ou lyrique elles font plutôt penser à des expérimentations psychédéliques par leur manière de faire cohabiter des mondes et des perceptions différentes. « Je peins de l’intérieur vers l’extérieur », dit-elle.

Lyon 

Picasso – Baigneuses et Baigneurs (jusqu’au 3 janvier).
Musée des Beaux-Arts, place des Terreaux.

Une approche intéressante de la question du nu porté par une vision édénique et érotique du corps. Par contre on ne peut que regretter que, dans les œuvres présentées en contrepoint, on n’ait pas intégré des artistes comme Matisse ou Léger, et, pour l’art contemporain, aux côtés de Farah Atassi et Niki de Saint-Phalle des artistes comme Marc Desgrandchamps ou Anke Doberauer entre autres.

Saint-Étienne 

Rober Morris – le Corps perceptif (jusqu’au 1er novembre).
Musée d’art moderne et contemporain, rue Fernand-Léger, 42270 Saint-Priest-en-Jarez.

Un ensemble de sept œuvres majeures d’une figure historique de l’art minimal qui concilie économie de moyens et sensualité des formes.