On ne s’attendait à pas grand-chose et le nouveau Premier ministre ne nous aura pas vraiment déçus lors de son discours de politique générale. C’est bel et bien la même politique qui nous est proposée : celle pour le patronat, les actionnaires et les plus riches… les autres peuvent encore attendre des hypothétiques « jours heureux » !
Si certains en doutaient encore, en une semaine la messe a été dite à la fois par Macron et Castex : il n’y aura pas de « monde d’après » pour les travailleuses et travailleurs. Et comme toujours, ils veulent nous faire payer la crise. Pour cela, revoilà la fameuse baisse des salaires comme rempart aux licenciements ; la réforme des retraites à points avec la suppression des régimes spéciaux et l’allongement du temps de travail ; la réforme de l’assurance chômage ajustée… Le fait que le gouvernement, sous pression du Medef et de la CFDT ait décidé de reporter en 2021 ces deux derniers dossiers ne change pas grand-chose car nous sommes loin d’un abandon comme le demandaient des centaines de milliers de salariéEs en décembre et janvier derniers ! Cela prouve seulement que ce gouvernement est sans doute conscient désormais que la colère pendant le confinement ne s’est pas éteinte et que l’explosion sociale généralisée est possible dans un contexte de crise économique, écologique, sociale et démocratique.
Un été meurtrier…pour l’emploi
Entre le 1er mars et le 5 juillet, 193 « plans de sauvegarde de l’emploi » (PSE) ont été lancés, menaçant 27 053 postes. Auxquels s’ajoutent les « petits » licenciements collectifs (de moins de dix salariéEs), les centaines de milliers d’intérimaires dont la mission a pris fin, la fin des contrats à durée déterminée. Tous les secteurs sont touchés : commerce, aéronautique, chimie, industrie… Certains suppriment des centaines d’emplois ou veulent fermer leur usine alors qu’ils se sont goinfrés d’argent public et continuent de verser des dividendes à leurs actionnaires, comme c’est le cas par exemple de Sanofi qui a versé récemment 4 milliards d’euros de dividendes, de Renault qui a largement bénéficié des aides de l’État, ou de tous ceux qui ont profité du crédit impôt recherche ou du CICE sans aucune contrepartie sur le maintien des emplois…
Un été radieux… pour les entreprises
Dans le même temps, le gouvernement Castex renoue avec les mêmes vieilles recettes qui ont prouvé depuis des décennies leur inefficacité, en particulier avec celle de la baisse d’impôts pour les boîtes privées. En effet le gouvernement vient d’annoncer une baisse de 20 milliards d’impôts pour les entreprises pour prétendument relancer l’économie. Le gouvernement maintient par ailleurs sa trajectoire de baisse de l’impôt sur les sociétés, dont le taux devrait passer à 25 % en 2022. Si l’ensemble de ces décisions sont maintenues, le bilan fiscal de Macron sera éloquent avec, en 2022, plus de 30 milliards d’euros d’allègements d’impôts des entreprises. Sans grande surprise, l’orientation fiscale de Macron, le président des ultras-riches, n’aura donc pas varié avec la crise. Schématiquement, elle se résume ainsi : moins d’impôts pour les uns mais plus pour les autres, moins de protection sociale et de services publics pour tout le monde et une transition écologique faisant plus l’objet de communication que de mesures efficaces. Le mouvement patronal a une nouvelle fois obtenu satisfaction dans ses revendications : le « monde d’après » ressemble donc furieusement au « monde d’avant ».
Un été pour préparer les luttes de la rentrée
À l’heure où nous écrivons ces lignes, un certain nombre d’entre nous ont la chance de prendre quelques jours de congés bien mérités. D’autres continueront à trimer pour pouvoir survivre. Mais dans tous les cas, durant cette période estivale, il nous faut d’ores et déjà préparer la rentrée sociale pour imposer un plan d’urgence sanitaire, social et écologique.
La mobilisation des premières et premiers de corvée dans plusieurs villes le 14 juillet, qui a réussi à Paris à perturber la mascarade de l’Élysée, montre la voie, tout comme celle du 18 juillet contre le racisme et les violences policières à l’initiative du Comité Adama à Beaumont-sur-Oise. D’autant plus que nous avons d’ores et déjà une date de grève et de manifestation interprofessionnelle le 17 septembre prochain. Cette journée doit permettre d’être une première étape unitaire la plus large possible pour faire plier ce gouvernement. Les combats sont devant nous !