Publié le Vendredi 18 septembre 2009 à 23h32.

L’Europe que nous voulons : celle des travailleurs et des peuples (par Sandra Demarcq et Myriam Martin)

Contre la politique menée par tous les gouvernements dans les différents pays comme au niveau de l’Union européenne, le NPA se prononce pour une Europe au service des travailleurs et des populations : sociale, écologique, démocratique, de l’égalité des droits, solidaire et de la paix.

Une Europe sociale…
Une véritable Europe sociale ne pourra voir le jour que par une contre-offensive du monde du travail, qui commence par annuler toutes les lois et mesures de régression sociale qu’ont imposées, partout en Europe, les patronats et leurs gouvernements. Au-delà, il s’agit d’imposer l’interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous, la diminution du temps de travail hebdomadaire vers les 30 heures, la retraite à 60 ans au plus, l’augmentation générale des salaires. Il faut un salaire minimum européen qui soit l’équivalent, en termes de pouvoir d’achat, des 1 500 euros nets que nous revendiquons en France. Nous voulons l’harmonisation vers le haut des droits sociaux, et la mise en place de services publics européens dans tous les cas où l’échelle européenne est pertinente : transports aériens, chemins de fer, transports fluviaux, énergie, eau, télécommunications…
Cela implique de s’en prendre aux profits. Une harmonisation des fiscalités fondée sur des impôts progressifs taxant fortement les plus-values et les riches, la suppression des taxes indirectes, celle des paradis fiscaux ainsi que du secret bancaire, permettraient à la fois de mettre un terme au dumping social et fiscal et d’enclencher une nouvelle logique. Les salariés, la population doivent pouvoir contrôler les comptes des entreprises, les mouvements de capitaux, la banque centrale européenne. L’urgence économique exige l’expropriation des banques et la mise en place d’un service public bancaire unique, capable d’orienter le crédit en fonction de la satisfaction des besoins sociaux.

Ecologique…
Une Europe des travailleurs permettrait de planifier démocratiquement la production et les échanges avec le souci permanent de préserver la nature et l’environnement. Il faut en finir avec la toute-puissance de l’agro-industrie, avec la PAC et les OGM, décider de produire selon les besoins et au plus près des populations afin de réduire les flux de transports de marchandises. Lorsque ceux-ci sont nécessaires, ils doivent privilégier les moyens les moins polluants (voies ferrées, fluviales et maritimes). L’eau, bien commun et précieux, doit être gérée publiquement, dans la transparence et être accessible à tous. Il faut sortir du nucléaire et des énergies polluantes, et pour cela donner des moyens au développement d’énergies alternatives à l’échelle de l’Europe.

Solidaire et de l’égalité des droits…
L’Europe que nous voulons doit affirmer l’égalité absolue entre les hommes et les femmes. Elle doit garantir l’égalité des droits économiques, politiques et civils, en particulier en matière de salaire, le droit à l’avortement et à la contraception. Il faut s’opposer à toute marchandisation du corps des femmes en luttant pour l’abolition de la prostitution.
Cela passe aussi par l’égalité des droits des étrangers, en particulier le premier d’entre tous : le droit du sol. Nous continuerons à nous battre contre l’Europe forteresse, pour la régularisation et le droit d’installation de tous les sans-papiers, pour l’égalité des droits sociaux et politiques. La lutte contre toutes les discriminations, notamment sexistes et racistes, doit devenir une priorité.
L’Union européenne participe à la domination des pays du Sud de la planète, celle d’une poignée de pays riches contre une majorité de pays pauvres. Nous voulons une politique de désarmement, l’annulation de la dette, une politique de collaboration fraternelle et solidaire avec les peuples des pays du Sud.

De la paix…
Une Europe de la paix implique le retrait de toutes les troupes européennes des guerres menées contre les peuples en Irak ou en Afghanistan, l’arrêt du soutien aux dictatures en Afrique, la rupture avec l’OTAN, le retrait des troupes stationnées au Liban et en Afrique.
Nous voulons une Europe qui soutienne les droits fondamentaux du peuple palestinien : droit à un Etat indépendant ayant comme capitale Jérusalem-Est, et le droit au retour des réfugiés. Une Europe qui exige d’Israël le retrait des forces d’occupation des territoires occupés y compris Jérusalem-Est, le démantèlement immédiat de toutes les colonies et du Mur et fasse cesser le blocus de Gaza. Une Europe qui applique des sanctions économiques, politiques, culturelles, sportives et suspende l’accord d’association tant qu’Israël se refuse à respecter le droit international. Une Europe qui interdise immédiatement à ses entreprises de travailler pour Israël dans les territoires occupés.

…Et démocratique
L’intérêt commun ne peut cependant être incarné par des institutions non élues, des exécutifs non mandatés et des experts non contrôlés, comme c’est le cas dans le cadre de l’Union européenne. Les peuples d’Europe doivent pouvoir décider eux-mêmes, à travers un processus constituant global, engagé et contrôlé démocratiquement, des contenus et des moyens de leur coopération. Nous défendons pour notre part le projet d’une Union socialiste des peuples d’Europe.

Dans le cadre des élections européennes, c’est donc ce plan d’urgence que nous défendrons, un projet anticapitaliste alternatif à tous les choix européens réalisés jusqu’à ce jour. Ces ruptures ne se feront pas cependant sans l’intervention massive des salariés et des peuples.
Il nous faut développer des luttes coordonnées à l’échelle de l’Europe, organiser les convergences, tisser ou consolider des liens durables entre les mouvements sociaux, ainsi qu’établir des cadres permanents de discussion et d’action entre toutes les forces qui se situent sur le terrain de l’anticapitalisme.