Publié le Lundi 18 juillet 2016 à 12h15.

1931-1936 : le mouvement ouvrier espagnol

Côté ouvrier, les années suivant la proclamation de la République furent celles d’un bouillonnement politique incontestable. Dès 1931, grèves dures et occupations de terres se multiplient. Cette radicalité sera une constante des luttes de classes en Espagne jusqu’à 1939 – l’insurrection des Asturies fit 3 000 morts à elle seule...

Quant au mouvement ouvrier, il a aussi des spécificités notables. D’abord, il y a l’existence des anarchistes, aussi radicaux que confus. Dans ces années, le syndicat CNT organise près d’un million de membres…

C’est aussi en 1934 que se constitue le Parti ouvrier d’unification marxiste, « communiste de gauche », avec 5 000 ou 6 000 militants. Le courage des partisans du POUM face aux franquistes leur confère une aura réelle : le parti organisera 30 000 membres fin 1936...

Quant au PC, la politique « gauchiste » imposée par le Kremlin l’avait littéralement lessivé. L’abandon de cette orientation (1935) lui permet de réexister : il passe de 35 000 à 100 000 membres de février à mai 1936...

« Le Lénine espagnol » ?

Mais surtout, il y a l’évolution des socialistes, le centre de gravité du mouvement ouvrier ibérique. En 1933, l’aile gauche prend la direction du vieux Parti socialiste ouvrier espagnol et de l’UGT, le puissant syndicat qui lui est associé. Leur dirigeant, Largo Caballero, sera bientôt surnommé « le Lénine espagnol »... Quant aux Jeunesses socialistes, elles se tournent vers Trotski... avant de finir dans les bras du Kremlin.

En cohérence avec cette trajectoire, dès 1934, le PSOE et l’UGT décident d’étendre à tout le pays l’Alliance ouvrière constituée en 1933 à Barcelone à l’initiative de la gauche communiste. Ce large front unique des organisations ouvrières espagnoles autres qu’anarchistes va vertébrer les luttes ouvrières durant ces années.

Pascal Morsu