Publié le Jeudi 5 janvier 2023 à 16h00.

Affaire Laurence De Cock : les plaies salées du racisme systémique

Le 19 février 2020, l’universitaire Laurence De Cock publie dans l’hebdomadaire « Politis » l’article intitulé « les Plaies sucrées de la Martinique » après un séjour là-bas. Reconnaissant le déroulé et certaines conclusions de l’article dans une longue enquête qu’il avait publiée deux semaines avant, le rédacteur en chef de la revue Zist, Zaka Toto, dénonce sur Twitter un scandale et un plagiat.

C’est ainsi que débute « l’affaire Laurence De Cock ». Dans un premier temps, l’autrice ne reconnait pas le plagiat mais dit avoir réalisé un travail original lors de son séjour. Zist dénonce une appropriation puis une invisibilisation : la revue ne sera citée que dans une version ultérieure de l’article, Laurence De Cock ayant partiellement reconnu ses torts. Cela déclenche à ce moment-là une vague assez violente sur les réseaux sociaux entre solidaires et opposants à Laurence De Cock qui entraîne son départ de ­certains réseaux sociaux.

Invisibilisation

À la suite de quoi, Laurence De Cock dépose plainte pour « son honneur » contre Zaka Toto pour diffamation. Le procès a lieu le 9 juin 2023 et Zaka Toto est relaxé le 21 septembre 2023. Plusieurs militantEs et universitaires décoloniaux se sont insurgés contre non seulement ce qu’iels considéraient comme du plagiat, de l’invisibilisation mais également contre la tactique visant à porter plainte pour régler ce différend.

À l’issue de discussions, le NPA a décidé de réagir à ce jugement en se réjouissant de sa conclusion et en s’excusant de ne pas être intervenu plus tôt dans ce débat. En effet, le NPA tient à exprimer qu’il considère que le dépôt de plainte et le procès intenté par LDC à l’encontre de Zaka Toto et de la revue Zist relèvent de la violence coloniale et de l’invisibilisation des travaux des personnes concernées. Le NPA dénonce également le harcèlement dont Laurence De Cock a été victime.

Rapports de pouvoir racistes et coloniaux structurants 

Les affaires de plagiat existent dans le monde universitaire et politique : le cas des « Plaies sucrées de la Martinique » n’est pas isolé malheureusement. Et comme tous les milieux, les milieux universitaires concentrent les différents rapports de domination au sein de la société, même, manifestement, celles ou ceux qui tentent de défendre une orientation décoloniale. En effet, les rapports de pouvoir racistes et coloniaux sont structurants dans la société et, comme pour toutes les oppressions, aucun groupe social n’y échappe malgré toute la bonne volonté du monde. Ils le sont encore plus quand ils entrent en collision avec les enjeux de carrière et de visibilité notamment sur les questions de lutte d’émancipation.

Dans l’affaire des « Plaies », la gauche notamment anticapitaliste a été très timide à reconnaître cette dynamique plus générale : le côté systémique de cette situation d’invisibilisation des personnes et de leur travaux — ou même dans ce cas précis de leur potentiel plagiat.

Nous soulignons qu’au-delà des personnes concernées par cette affaire, le racisme systémique dans les travaux universitaires ou politiques est un phénomène qui doit être dénoncé et combattu. Nous pensons que mettre le doigt dessus et prendre position même tardivement peut permettre à tout le monde de réfléchir aux problèmes dans la gestion de ce fait colonial dans les milieux militants.