Publié le Vendredi 2 juin 2017 à 10h40.

Art : Complete works 2003-2016

Elzo Durt, Born Bad Records, 2017, 40 euros. 

Comment transformer une addiction au rock, au punk, au garage et à la techno la plus dark en une œuvre ? Elzo Durt a trouvé le chemin...

Depuis des années, il réalise des flyers, tracts, affiches, pour annoncer les concerts de la scène musicale underground, en particulier celle de Bruxelles où réside l’artiste.

C’est donc comme affichiste et flyeriste qu’Elzo se fait connaître au début des années 2000. Mais l’époque n’est plus vraiment au papier, et ce sont peut-être davantage les réseaux sociaux qui sont les vecteurs de l’info pour les scènes musicales et qui firent connaître le graphisme si particulier de Durt. On retrouve aussi les images de Durt sur de nombreuses pochettes de disque vinyl, en particulier celles du label Born Bad.

Pas d’atelier plein de peintures, de gouache sur les fringues… Non rien de tout ça, juste un ordinateur, un scanner... et quelques centaines de livres où l’artiste va puiser des illustrations qu’il maltraite, transforme, colorise dans une sorte de jeu de collages numériques. C’est sûrement une de ses singularités : être un artiste numérique, pour un travail d’artisan entièrement sur ordinateur.

Univers singulier

La puissance visuelle des œuvres d’Elzo Durt ne cesse de nous surprendre. La vivacité des réalisations, une explosion de couleurs qui puise sûrement beaucoup dans le psychédélisme. C’est aussi une esthétique punk et DIY (Do it yourself) qui est mobilisée : le mauvais goût assumé y croise parfois les représentations très esthétiques des gravures du 19e siècle. Les extraits de gravures religieuses côtoient les têtes de mort et représentations les plus gores, le tout plongé dans un bain de couleurs criardes.

L’artiste impressionne par la manière dont il détourne les images pour en faire un univers singulier qui lui est propre. Évidemment une reproduction ici, dans un journal noir et blanc, cela reste limité pour saisir la puissance de l’artiste...

Elzo Durt vient donc de publier une première somme de son travail. Un travail prolixe, mais qui devrait continuer à décorer nos soirs de concert car l’artiste a à peine 40 ans. On peut en voir plus sur son site, ainsi qu’une exposition Colors & Glory à la galerie Agnès B.1, avec des tirages magnifiques et un accrochage très réussi.

Pierre Baton

 

  • 1. Jusqu’au 10 juin au 44, rue Quincampoix, Paris 4e.