Issu du quartier de West Belfast, bastion des républicains et des catholiques nord-irlandais (avec Derry), Kneecap est un groupe de hip-hop formé en 2017. Dans un rap aux sonorités hardcore et électro, avec une voix tendant vers l’agressivité du punk, ils ont en plus l’originalité de chanter en gaélique irlandais (langue quasiment disparue en Irlande du Nord) mélangé à de l’argot anglais.
Groupe revendiquant son anticapitalisme, ils abordent des thèmes tels que la condition ouvrière, la santé mentale, le féminisme et l’écologie. Après un premier album en 2018, 3CAG, ce sont leurs positions internationalistes qui ont fait exploser leur popularité avec la sortie de Fine Arts en 2024. Républicains revendiqués, ils sont également des soutiens sans faille des autres luttes anticoloniales, en premier lieu la Palestine, à l’heure du génocide à Gaza.
Cagoules aux couleurs de l’Irlande sur scène (en hommage aux militantEs de l’IRA) et drapeau de la Palestine en mains, ils connaissent un énorme succès depuis un an, de festivals en tournées sold out.
Panique morale en Angleterre
Il n’en fallait pas moins pour scandaliser les gouvernements et bourgeoisies occidentales, ferventes soutiens d’Israël. En Angleterre, pays colonisateur de l’Irlande, c’est une véritable panique morale qui s’est emparée de la classe politique et médiatique. Le groupe y est qualifié d’« anti-britannique », des demandes d’interdiction de ses concerts sont formulées et, cerise sur le gâteau réactionnaire, Mo Chara, chanteur du groupe, est actuellement en procès à Londres pour « apologie du terrorisme », accusé d’avoir brandi un drapeau du Hezbollah sur scène.
Mépris séculaire de la bourgeoisie anglaise pour les IrlandaisEs oblige, Mo Chara est nommé par le juge, la police et les médias sous son nom anglicisé, et non pas son nom de baptême (Liam Óg Ó hAnnaidh). Les audiences au tribunal se sont transformées en manifestations de soutien au groupe et à la Palestine.
La France s’en mêle
Pays non moins impliqué dans le soutien à l’État génocidaire, la France y est aussi allée de sa polémique contre le groupe. Annoncés à l’affiche de Rock en Seine fin août, nos politicienNEs se sont emparéEs de l’affaire. Sur décision de Pécresse, le festival refusant de déprogrammer Kneecap malgré les pressions, ce sont tout bonnement 500 000 euros de subvention qui ont été retirés.
Dans une ambiance électrique, avec une fosse remplie de drapeaux de l’Irlande et de la Palestine, le groupe a littéralement mis le feu au festival. Et ce n’est pas l’intrusion des pitoyables sionistes de « Nous Vivrons », vite évacuéEs par la sécurité, qui a pu empêcher le concert d’avoir lieu.
Poursuivant sur cette voie triomphale, Kneecap continue sa tournée à Paris cet automne : après l’immense succès de leurs concerts des 8 et 9 septembre au Trianon, on les attend à les 10 et 11 novembre à l’Élysée Montmartre. Free Palestine – Tiocfaidh Ár Lá.
Y.S.