Publié le Mercredi 29 mars 2017 à 17h15.

BD : Faire la loi

Du sous-sol des ministères aux décrets d’application en passant par l’Assemblée : l’exemple de la loi Macron, Hélène Bekmezian, Patrick Roger (histoire) et Aurel (dessin). Glénat, 2017, 14,95 euros. 

Même si vous n’êtes pas familié des arcanes législatives de la très antidémocratique 5e République ou si celles-ci ne vous semblent pas passionnantes, cette BD vaut toutefois le détour. Très documentée (les auteurs, tous deux journalistes du Monde, ont suivi de près la question), elle permet de démonter de façon méthodique le parcours de la fameuse loi Macron et de son non moins fameux auteur...

Comme le disent les premiers mots d’ouverture, « Pour faire une loi, il faut être ministre. Pour être ministre en France en 2016, il vaut mieux avoir commencé très tôt à prendre le bon chemin, faire les bons choix, entrer dans les bons moules... et attendre son tour. » Pour (bien) commencer, l’ouvrage est d’abord le portrait d’un arriviste en politique, puis donc de l’élaboration de la loi à laquelle il a laissé son nom.

Des réunions interministérielles aux coups de com’, de prises de parole à l’Assemblée nationale aux tractations de couloirs, on assiste la fabrication intégrale de la loi, racontée à la fois de façon pédagogique, ludique... et éclairante sur le pouvoir et ceux qu’ils servent. Ainsi cet échange édifiant entre le ministre de l’Économie et Hidalgo, maire de Paris (à l’époque opposée à certaines dispositions concernant le travail du dimanche), qui lui reproche les 12 zones touristiques internationales dans Paris situées « comme par hasard dans tous les quartiers où il y a une FNAC ». Ou encore cette discussion entre Macron et Hamon à la buvette de l’Assemblée nationale à 3 heures du matin afin de négocier le vote des « frondeurs » (qui ne se fera pas). Jusqu’au 49-3, utilisé à trois reprises (!) pour imposer de force la régression sociale.

S’appuyant sur le trait du dessinateur de presse Aurel, cette BD est d’une lecture plaisante, voire divertissante (ce qui n’était pas gagné vu le sujet...). À déguster de préférence le dimanche, plutôt que de se faire ses courses...

Manu Bichindaritz