Scénario de Fabien Nury et dessin de Brüno, Dargaud, 2015, 17 euros.
La BD choc de la rentrée ! Une histoire pure et dure de gangster, d’évasion, de trahison, de meurtre et de vengeance implacable durant les années 50 dans le sud des USA.
Après avoir échappé difficilement à la mafia (T1 – Black Rock), Tyler Cross coule des jours paisibles avec sa « chica » dans une maison mexicaine sur une plage de Baja California. Un vieil « ami » le sollicite pour une arnaque facile à l’assurance au profit d’un riche bijoutier de La Nouvelle-Orléans. Tyler est accompagné d’Iris, une brune qui joue le rôle de chauffeuse, et de Neville, un perceur de coffre. Le braquage ne se déroule pas du tout comme prévu, le coffre est vide, Neville y laisse la peau et Iris joue la fille de l’air. Tyler Cross est arrêté et conduit à Angola State Farms, le sinistre pénitencier de Louisiane.
À son arrivée, le gangster fait la connaissance du capitaine Kroeker, directeur de l’établissement, qui prône une discipline rude et impitoyable. Kroeker est flanqué de la plus perverse des épouses qui contribue beaucoup au taux de mortalité de la prison par des corvées de poubelle très spéciales. En fait, l’établissement est un véritable camp de concentration où on exploite les prisonniers au profit de la mafia. « Angola est une entreprise. Son unique raison d’être est de rapporter de l’argent, et à cet égard, c’est une entreprise modèle » (page 39). Tyler découvre d’ailleurs que le clan mafieux Scarfo a tout fait pour le faire venir et qu’il compte bien l’éliminer sur place. Dès lors, Tyler n’a pas le choix, il va devoir trouver des complices dans la place et tout faire pour s’évader puis se venger.
Le scénario est taillé au cordeau, la trahison guette Tyler Cross à chaque page. Nul mieux que Fabien Nury (auteur d’une série sur l’Occupation Il était une fois en France et d’un Staline) sait composer la psychologie de personnages dont la déveine, la brutalité ou l’amoralité ahurit. Juges, avocats, flics, tous sont corrompus et la lumière ne viendra finalement que du courage d’une mère noire. Brüno, le dessinateur, millimètre les cases pour mieux les distordre, les exploser et enflammer. On entendrait presque la bande son.
Une belle réussite jubilatoire !
Sylvain Chardon