Publié le Jeudi 23 février 2017 à 23h13.

Between nothingness and infinity

De Nasheet Waits Equality, Laborie Jazz, 2016, 19 euros. 

Héritier de Tony Williams et Archie Shepp, Nasheet Waits s’inscrit dans une tradition musicale militante questionnant l’identité afro-américaine à travers un jazz combatif porté par son quartet « Equality » (égalité). Tout un programme !

Nasheet Waits est le fils du batteur Freddy Waits, compagnon de route de Mc Coy Tyner. Il a été formé par Max Roach et a gardé longtemps ses baguettes dans l’ombre de pianistes prestigieux comme James Hurt et Stanley Cowell ou du saxophoniste Antonio Hart qui en fit le batteur de son premier quintet. Le jeu du musicien, plein, subtil, fougueux le mena rapidement au-delà du simple jeu de l’accompagnement traditionnel. Son usage de la polyrythmie lui a très vite ouvert la voie d’une expression personnelle et authentique.

Professeur de jazz à New York, Nasheet Waits était l’un des batteurs les plus recherchés et influents du jazz contemporain quand il décida de tracer sa propre voie... À presque 40 ans, il était temps pour lui de former son propre quartet et de partir sur les routes rôder ses compositions ou reprises. Fin 2016, à 45 ans, il a donc sorti cet album somptueux. Un journaliste spécialisé a hissé cet album au niveau du fameux A love supreme de John Coltrane et c’est tout à fait mérité. L’énergie prenante du morceau Korean bounce (dix minutes de bonheur intense), les harmonies puissantes du morceau-titre Between nothingness and infinity, les riffs tortueux de Unity et la reprise impressionnante du Koko de Charlie Parker constituent les sommets de l’album. Les musiciens du quartet livrent une prestation éblouissante mettant en relief la richesse des compositions. Darius Jones (saxophone), Mark Helias (contrebasse) et Aruan Ortiz (piano) construisent avec Nasheet Waits un son unique.

Equality fut la révélation du dernier festival Sons d’hiver de Paris. Quelques extraits sont disponibles sur la toile. À ne pas manquer pour suivre les baguettes magiques du musicien, en attendant son retour sur scène en France.

Sylvain Chardon