Éditions Libertalia, 2024, 196 pages, 12 euros.
Bon c’est vrai, c’est quasiment de l’autopromotion : voici le livre d’un camarade qui paraît chez nos amiEs de Libertalia. Mais pourquoi s’en empêcherait-on ? Il s’agit ici d’un hommage à un militant ouvrier, décédé récemment, après une longue vie de luttes diverses.
Charles Piaget est surtout connu pour avoir mené avec ses camarades le combat des LIP en 1973-1974, une grève marquée par l’occupation de l’usine et la prise en main de la production des montres que les travailleurEs vendaient directement pour se rémunérer.
Mouvement ouvrier fort
Il faut préciser que ces années sont une autre époque que celle que nous connaissons aujourd’hui. Il y a eu 200 occupations d’usine entre 1974 et 1975. Ça parlait facilement autogestion et ça la pratiquait même parfois, et pas qu’en France, comme à l’UCL (université de Louvain) en Belgique avec les femmes de ménage (voir le super documentaire Le Balai libéré). C’est l’époque où le mouvement ouvrier était mieux organisé et plus fort. C’est un peu avant et après 1968, à la fin des trente glorieuses et avant ou au tout début de la crise économique, donc avant les nombreuses fermetures d’usines et les plans de licenciements, notamment. La gauche de Mitterrand n’a pas encore déçu et trahi, les luttes anticoloniales étaient d’actualité (indépendance de l’Algérie, guerre du Vietnam), il y avait aussi la lutte du Larzac... alors Théo nous raconte Charles, militant syndicaliste et politique, qui a même failli être candidat à la présidentielle de 1974, soutenu par Alain Krivine et la LCR ! Avant que celui-ci ne devienne lui-même candidat.
Idées autogestionnaires
Charles milite à la CFDT et au PSU, deux structures qui vont mal évoluer, partout il devient de plus en plus difficile de faire entendre les idées révolutionnaires, autogestionnaires, les idées de démocratie ouvrière et de lutte des classes. Charles luttera des années contre les idées réformistes qui s’imposent peu à peu. C’est très utile de revenir un peu en arrière, de voir comment les militantEs se dépatouillaient des difficultés de leur époque pas si lointaine, utile aussi pour que cette expérience acquise et précieuse, celle des Piaget et de ses camarades, puisse être transmise aujourd’hui. Alors, à lire tout simplement !
Philippe Poutou