De Giulio Ricciarelli. Avec Alexander Fehling, André Szymanski et Friederike Becht. Sortie le mercredi 29 avril.
Il est parfois difficile aujourd’hui d’imaginer à quel point fut longue et difficile la mise au jour de ce qui s’était réellement passé dans les camps de la mort nazis. La réalité et l’étendue de ces crimes n’est plus mise en doute que par des négationnistes antisémites. Les États, et en premier lieu l’Allemagne, reconnaissent désormais leur rôle actif ou leur complicité dans ces actes. Enfin, on peut être légitimement irrité par l’instrumentalisation permanente de l’antisémitisme nazi par la droite israélienne pour justifier sa politique criminelle en Palestine.
Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Après la guerre, une majorité d’Allemands n’avait aucune envie de revenir sur le passé, considérait Auschwitz comme un camp de prisonniers, un peu comme un autre ; quant aux gardiens et autres agents de la machine de mort, ils n’auraient fait qu’obéir aux ordres... Les nouvelles autorités ont réintégré massivement dans la fonction publique des Allemands ayant pactisé activement avec le national-socialisme, couvertes en cela par les Américains et leurs alliés alors préoccupés exclusivement par la lutte contre l’URSS.
Cette situation ne va changer qu’à partir de 1958. Le film raconte l’histoire d’un procureur (en fait un personnage, synthèse de plusieurs personnes réelles) amené à enquêter sur les crimes nazis. Ce qui ne va pas sans mal : si le procureur général de Hesse (un personnage réel) le soutient, le reste du corps judiciaire y est hostile et la police inerte. Néanmoins, le personnage principal (dont l’image peut irriter) avance progressivement et ébranle la bonne conscience d’un pays où, au début du film, dans la cour de récréation d’un lycée, des enfants chantent « Nul pays n’est plus beau que le nôtre » sous l’œil de leur maître, qui s’avérera être un ancien gardien de camp.
Henri Wilno