De James Gray, avec Charlie Hunnan, Robert Pattinson et Sienna Miller.
Sortie le mercredi 15 mars.
«Je m’attaque à l’arrogance occidentale, à cette fausse supériorité que des aventuriers comme Fawcett ont à la fois incarnéeet remise en cause », affirme James Gray, réalisateur de ce film.
Percy Fawcett, explorateur britannique, disparut en 1925 en Amazonie, alors qu’il recherchait une cité mythique qui aurait survécu à l’écart du monde, au milieu de la jungle. Le personnage de l’explorateur, qui fascina des générations d’Occidentaux au 19e siècle et au début du 20e, va évidemment de pair avec l’expansion de l’impérialisme. Fawcett débuta d’ailleurs dans cette entreprise par la mission quasi impossible d’établir une frontière précise entre la Bolivie et le Brésil qui se disputaient des ressources pétrolières convoitées par les compagnies anglaises et américaines. Avec la fin du partage du monde par les grandes puissances, l’explorateur devint un outil idéologique désuet.
Le film de James Gray évoque les grands films d’aventure comme Mission, Aguirre la colère de Dieu, Cabeza de Vaca voire les Aventuriers de l’arche perdue et même Apocalypse now. Malheureusement, il n’en a pas l’envergure et le souffle. D’une part le réalisateur semble avoir manqué de moyens : on passe directement des salons londoniens à la jungle amazonienne sans découvrir les ports et les villes d’Amérique du Sud, sans jamais ressentir la durée du voyage. D’autre part il se disperse et hésite entre plusieurs sujets. La vie familiale de Fawcett, ses démêlés avec l’administration britannique, sa participation à la guerre de 1914-1918, dans laquelle il apparaît comme un patriote pur jus, alourdissent le scénario.
Sans doute James Gray dénonce-t-il la vision occidentale raciste de l’Indien et l’esclavage que faisaient régner les propriétaires de mines brésiliens, mais il s’attarde peu sur les ravages de l’impérialisme pour se concentrer sur la personnalité ambiguë de son personnage. À la lecture de l’interview du réalisateur, qui tient des propos subversifs et quasi marxistes, on éprouve donc le sentiment que son œuvre n’est pas à la hauteur de ses ambitions.
Gérard Delteil