Publié le Dimanche 22 mars 2015 à 09h49.

Cinéma : Révolution Zendj

De Tariq Teguia, avec Fethi Ghares, Diana Sabri et Ahmed Hafez. Sortie le mercredi 11 marsUn film à découvrir vite car le nombre de salles osant diffuser ce film qui va à l’encontre de toutes les idées dominantes gêne. Il ne s’appelle pas « Révolution » pour rien même si le « Zendj » (le nom d’une rébellion d’esclaves noirs en Irak au ixe siècle) se limitera à quelques étincelles d’espoir.

Ibn Battûta est un journaliste algérien. Le choix de ce nom n’est évidemment pas un hasard, car, comme le grand voyageur arabe du xive siècle, le jeune Algérien va nous amener du M’zab (la région des célèbres oasis de Ghardaïa), livré à l’émeute entre locaux mozabites et chômeurs venus du nord, au Chott el Arab (marais proches de Bassora que l’on ne pourra pas voir) dans le sud de l’Irak, en passant par la marge des villes, à Beyrouth, mais aussi à New York, Thessalonique, Athènes... Tariq Teguia enquête sur les fantômes de l’utopie et les promesses non tenues du progrès. L’écho des révolutions arabes se mêle à toutes celles qui les ont précédées. Nalha, une jeune étudiante Palestinienne, belle à trembler, en est le meilleur exemple. Elle a grandi en Grèce et cherche la trace de ses parents à Beyrouth, et nous renvoie en 1982 et à la guerre du Liban, avec l’invasion criminelle israélienne.D’autres histoires se croisent mais le cinéaste, à l’instar du Godard de la meilleure période, ne cherche pas à raconter mais à montrer par l’image et le son. Les voix sont multilingues et la musique traditionnelle arabe se fond dans le rock industriel. L’émotion et la mélancolie dans tous les plans.

Sylvain ChardonProgrammation de l’ensemble des films de Tariq Teguia au Centre Pompidou (Paris), dont ses deux précédents longs métrages, Rome plutôt que vous et Inland.