N° 14 – mai 2024, 144 pages, 19 euros.
Ce trimestre, la révolution féministe se fait artistique. Au théâtre, au cinéma, dans les arts picturaux, la parole des femmes se libère et se fait sa place, en grand !
Esquisses d’une émancipation
De la bande dessinée au tatouage, en passant par la pose en cours de modèle vivant, le dossier de ce numéro trimestriel met à l’honneur le dessin et la façon dont il peut permettre de se réapproprier son corps, son histoire, ses traumatismes. Dans des domaines longtemps réservés aux hommes et dans lesquels le sexisme et le virilisme sont toujours la norme, les minorités de genre cherchent à s’imposer et à bouleverser les codes, à l’instar de leurs aînées qui, dans les années 1970, avaient publié pendant deux ans la toute première revue BD féministe Ah ! Nana, ou encore de Niki de Saint Phalle dont le portrait est à retrouver dans ce numéro.
Et le consentement ?
Puisque « Qui ne dit mot » ne consent pas du tout, ce numéro propose à la philosophe Manon Garcia, l’avocate Élodie Tuaillon-Hibon et la militante Louise Delavier de débattre de la notion de consentement et de la place à lui donner dans le code pénal. L’absence de consentement est-elle suffisante pour qualifier le viol ? Dans quelle mesure sommes-nous réellement libres de nos choix en matière sexuelle ? Les trois invitées font ainsi écho à la rencontre de ce trimestre entre les actrices Judith Godrèche et Guslagie Malanda. La seconde a apporté son soutien lorsque la première a pris la parole, il y a quelques mois, pour dénoncer les violences sexuelles qui gangrènent le monde du cinéma. Que ce soit pour des questions de racisme ou de violence de genre, les deux sont animées d’une même rage et d’une volonté de libérer la parole des minorités dans un milieu où le silence est d’or et où la moindre dénonciation peut mettre fin à une carrière, bien plus sûrement que les agissements problématiques en eux-mêmes.
Du lac d’Ourmia aux personnes intersexes
Ce numéro, très riche comme toujours, nous transporte également en Iran sur les rives du lac d’Ourmia en voie de disparition, sur les scènes de théâtre avec la performeuse Carolina Bianchi ou encore dans les locaux des associations féministes où le manque de budget, malgré les appels de plus en plus nombreux, met en danger salariéEs, bénévoles et victimes. À lire également, l’enquête bouleversante sur les personnes intersexes qui cherchent à accéder à leurs dossiers médicaux, témoignages violents des mutilations subies tout au long de leur histoire, afin de se réapproprier leur corps et leur passé.
Cyrielle L.A.